quand
il se posait sur une gouttiere, des rassemblements se formaient de
toutes parts; tous les passants mettaient le nez en l'air. Quel bonheur
ineffable! Ce sont des nouvelles qui arrivent! Nous ferons observer
toutefois que generalement le pigeon-voyageur rentre tout droit au
colombier, sans s'arreter. Il n'est pas probable que l'attention des
Parisiens se soit portee sur les pigeons-voyageurs qu'ils n'ont pas du
pouvoir remarquer. Il se pourrait bien que les pigeons des Tuileries aient
obtenu un succes peu legitime.
Le service des pigeons a Tours etait place sous la direction de M.
Steenackers; MM. Van Roosebecke et Cassiers etaient charges de lancer les
messagers ailes, ils s'aventuraient jusqu'aupres des lignes ennemies, pour
laisser envoler les pigeons le plus pres possible de Paris. On ne saurait
donner trop d'eloges a la belle conduite de ces messieurs et de leurs
collegues qui ont quitte Paris en ballon pour organiser en province cet
admirable systeme de poste aerienne.
A Paris, la surveillance du service administratif de la poste par pigeons
etait confiee a M. Chassinat, directeur des Postes de la Seine; M. Mottet,
receveur principal, etait l'agent d'execution.
M. Derouard, secretaire de la societe colombophile _l'Esperance_ etait
charge de surveiller les colombiers, de la reception des pigeons, etc.
La poste colombophile completait ainsi le service des ballons-poste; mais
ce qui la rendit surtout utile, ce qui en fit une veritable creation
nouvelle, c'est le systeme des depeches photographiques que rapportaient a
Paris les messagers ailes.
Un pigeon ne peut etre charge que d'un bien faible poids. Il emporte dans
les airs une feuille de papier, de quatre ou cinq centimetres carres,
roulee finement, et attachee a une des plumes de sa queue. Une lettre
aussi petite est bien laconique. On peut y ecrire a la main quelques mots,
quelques phrases, peut-etre,--ce n'est la qu'un telegramme insignifiant.
Des le commencement du siege on songea aux merveilles de la photographie
microscopique. On se rappela avoir vu a l'Exposition universelle de
petites breloques-lunettes, ou les 400 deputes etaient representes sur une
surface de 1 millimetre carre. En regardant a travers la loupe placee a
une des extremites, on voyait nettement l'image de tous ces personnages,
reunis sur la surface d'une tete d'epingle! C'etait a M. Dagron que l'on
devait ce tour de force photographique.
Ce fut lui qui, pendant la guerre,
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