se chargea de reduire les depeches pour
pigeons voyageurs.
Grace aux procedes photographiques, on ecrivait a Tours toutes les
depeches privees ou publiques sur une grande feuille de papier a dessin.
On y tracait jusqu'a 20,000 lettres ou chiffres. M. Dagron, par la
photographie, reduisait cette veritable affiche en un petit cliche qui
avait a peu pres le quart de la superficie d'une carte a jouer. L'epreuve
etait tiree sur une mince feuille de collodion qui ne pesait que quelques
centigrammes et qui contenait un texte reduit assez considerable pour
composer un journal entier.
A Paris, la depeche amenee par pigeon, etait placee sur le porte-objet
d'un microscope photo-electrique, veritable lanterne magique d'une
puissance extreme. L'image de la depeche etait projetee sur un ecran, mais
amplifiee, agrandie, au point qu'a l'oeil nu, on pouvait lire nettement
tous les chiffres, toutes les lettres traces.
N'est-ce pas merveilleux? n'y a-t-il pas lieu d'admirer la, sincerement,
les applications etonnantes de la science moderne?
M. Dagron partit en ballon avec son collaborateur, M. Fernique, vers
le milieu du mois de novembre. Apres un voyage des plus perilleux, ces
messieurs organiserent tous leurs appareils photographiques avec la plus
grande habilete.
Quatre cent soixante-dix pages typographiees ont ete reproduites par les
procedes de MM. Dagron et Fernique. Chaque page contenait pres de 15,000
lettres, soit environ 200 depeches. Seize de ces pages tenaient sur
une pellicule de 3 centimetres sur 5, ne pesant pas plus de un
demi-decigramme. La reduction etait faite au _huit centieme_.
Chaque pigeon pouvait emporter dans un tuyau de plumes une vingtaine de
ces pellicules, qui n'atteignaient en somme que le poids de 4 gramme. Ces
depeches reunies formaient un total de 300,000 lettres, c'est-a-dire la
matiere d'un volume in-12, analogue a celui que le lecteur a sous les
yeux.
Avant l'arrivee de M. Dagron, rappelons que M. Blaise, photographe a
Tours, avait deja reproduit des depeches photographiques sur papier, sous
les auspices de MM. Barreswill et Delafolie.
Les depeches photomicroscopiques etaient en general tirees a 30 ou 40
exemplaires, et envoyees par autant de pigeons.
PRES DE CENT MILLE DEPECHES ont ete envoyees ainsi a Paris avant
l'armistice. En imprimant toutes ces depeches en caracteres ordinaires,
on formerait certainement une bibliotheque de plus de cinq cents volumes!
Tout cela a ete envoye p
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