part que l'armee de Bourbaki est perdue dans l'Est et
que celle de Faidherbe, dans le Nord, occupe des positions difficiles.
Que peut-on nous apprendre encore?
_Samedi 14 janvier_.--Mon frere et moi, apres avoir passe une excellente
nuit dans de bons lits, chez M.D., nous retrouvons Bertaux et Poirrier
a l'_Hotel de Paris_. Nous allons voir le marin Roux, l'aeronaute du
_Kepler_. Il nous dit que le fort de Rosny n'est pas pris comme on l'a
affirme, que Paris a encore des vivres, mais que le bombardement a
commence dans le quartier Latin.
Nous rencontrons le general de M... qui nous felicite d'avoir sauve notre
materiel. Il regrette que l'on n'ait pas utilise a temps nos aerostats.
--On retombe toujours dans les memes errements, dit-il, fatiguant les
hommes inutilement, les lassant, les decourageant, et quand le moment est
venu d'agir, l'energie, depensee a l'avance, est epuisee.--L'armee de
Chanzy a ete perdue au Mans par la fuite des 10,000 mobilises de Pontlieu
qui ont lache pied a quatre heures du matin au premier coup de feu. 600
bons soldats valent bien mieux que ces hommes inexperimentes, ne sachant
pas se servir de leurs armes et ecoutant les alarmistes qui leur disent
que leurs fusils ne valent rien. Toujours les memes erreurs, on compte sur
le nombre des hommes, au lieu de ne se baser que sur leur valeur comme
soldats.
--Mais, general, repondis-je, une lueur d'espoir est-elle encore permise,
pensez-vous qu'une revanche soit possible?
--Helas! je ne compte plus sur rien maintenant! la France est perdue!
Pour la sauver, il n'y a plus a attendre que quelques-uns de ces hasards
providentiels qui se voient dans l'histoire, esperance bien incertaine.
A six heures, nous dinons, mon frere et moi, chez M.D. Societe charmante
fort distinguee. On parle des evenements actuels; que de reproches
s'entrecroisent dans la conversation sur les prefets du jour, nommes a
la hate par Gambetta. La plupart des departements sont honteux des chefs
qu'ils ont a leur tete, et qui, dit-on, paralysent toute action. A tort ou
a raison, ce n'est pas a Laval que les recriminations font defaut.
_Dimanche 15 janvier_.--Une panique effroyable regne aujourd'hui a Laval.
On dit que les Prussiens vont venir, que l'ennemi n'est pas a six lieues
de la ville. A Sille-le-Guillaume on s'est battu hier; les armees de
Mecklembourg et de Frederic-Charles poursuivraient les Francais en
deroute.
Le soir, a table d'hote, nous causons avec u
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