'air est d'un calme absolu. On execute dans l'apres-midi cinq ascensions.
Le ballon s'eleve verticalement sans devier d'une ligne de sa marche
perpendiculaire au sol. Le prefet, M. Delattre, est monte dans la nacelle,
il est reste immobile avec mon frere a 350 metres de haut, ne se lassant
pas d'admirer l'admirable panorama etale a ses yeux surpris. Je m'eleve
avec le secretaire de la Prefecture, et je suis remplace dans la nacelle
par un commandant des eclaireurs a cheval, qui demande la perche a 30
metres de haut et fait revenir le ballon a terre.
_Mardi 31 janvier_.--L'armistice est confirme. Il n'y a plus de doute a
cet egard. Les Prussiens occupent les forts, l'armee de Paris va etre
desarmee.
Voila le triste denoument de ce drame horrible, qui compte trois
evenements egalement funestes pour la France, et qu'on peut resumer en
trois mots: Sedan, Metz, Paris!
Nous recevons l'ordre de degonfler _la Ville de Langres_. Je monte une
derniere fois dans la nacelle, mais le vent est assez vif, et me lance a
deux metres d'une cheminee d'usine, ou le ballon manque de se briser.
Bientot l'aerostat est vide, plie dans sa nacelle, non sans regrets de
la part de l'equipe. Pauvre ballon! quand te retrouverons-nous, fier et
majestueux, gracieusement arrondi dans l'atmosphere!
Nos experiences de ballon captif devaient se terminer la. Les tentatives
executees ailleurs pendant la guerre, n'ont donne lieu a aucune
experience. MM. Gilles et Farcot ont ete envoyes a Lyon, mais l'occasion
ne s'est jamais montree pour eux de gonfler un ballon.
Il en a ete de meme pour M. Revilliod, qui avait ete rejoindre le general
Bourbaki a Besancon. Le commandant en chef de l'armee de l'Est, comme le
general Chanzy, approuvait l'usage des ballons militaires, il comptait
beaucoup sur les services de M. Revilliod. La deroute est venue comme
partout en France dejouer tous ces projets.
Avant l'expedition dans l'Est, M. Revilliod, accompagne de Mangin, avait
ete a Amiens se mettre aux services de l'armee du Nord. On gonfla le
ballon _le Georges Sand_, mais il ne fut pas amene a temps sur le champ de
bataille.
Quelques jours avant l'armistice, MM. Duruof et de Fonvielle avaient ete
charges de se mettre a la disposition du general Faidherbe avec deux
ballons.
On a vu par les experiences reiterees que nous avons successivement
executees a Orleans, au Mans, a Laval, que les aerostats sont
susceptibles, presque par tous les temps, de fournir
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