postes prussiens; quelques coups de
canon ont ete aussi tires sur eux. Les ballons se trouvaient alors a la
hauteur de 600 metres, et les voyageurs aeriens ont entendu siffler les
balles autour d'eux; ils se sont alors eleves a une altitude qui les a mis
hors d'atteinte; mais, par suite de quelque accident ou de quelque fausse
manoeuvre, le ballon qui portait le ministre de l'interieur s'est mis a
descendre rapidement, et il est venu prendre terre dans un champ traverse
quelques heures avant par des regiments ennemis, et a une faible distance
d'un poste allemand. En jetant du lest, il s'est releve, et a continue sa
route. Il n'etait qu'a deux cents metres de hauteur lorsque, vers Creil,
il a recu une nouvelle fusillade, dirigee sur lui par des soldats
wurtembergeois. En ce moment, le danger etait grand; heureusement les
soldats ennemis avaient leurs armes en faisceau; avant qu'ils les eussent
saisies, le ballon, allege de son lest, remontait a huit cents metres;
les balles ne l'ont pas plus atteint que la premiere fois, mais elles ont
passe bien pres des voyageurs, et M. Gambetta a eu meme la main effleuree
par un projectile.
"L'_Armand Barbes_ n'etait pas au terme de ses aventures.
"Manquant de lest, il ne se maintint pas a une elevation suffisante; il
fut encore expose a une salve de coups de fusils partie d'un campement
prussien, place sur la lisiere d'un bois, et alla, en passant par dessus
la foret, s'accrocher aux plus hautes branches d'un chene ou il resta
suspendu; des paysans accoururent, et, avec leur aide, les voyageurs
purent prendre terre, pres de Montdidier, a 3 heures moins un quart.
Un proprietaire du voisinage passait avec sa voiture, il s'empressa de
l'offrir a M. Gambetta et a ses compagnons, qui eurent bientot atteint
Montdidier, et se dirigerent sur Amiens. Ils y arriverent dans la soiree
et y passerent la nuit.
"Le voyage du second ballon a ete marque par moins de peripeties. Apres
avoir essuye la premiere fusillade, il a pu se maintenir a une assez
grande hauteur pour eviter un nouveau danger de ce genre; il est alle
descendre, a 4 heures, a Cremery pres de Roye, dont les habitants ont
tres-bien accueilli les voyageurs. M. Bertin, fabricant de sucre et maire
de Roye, a donne l'hospitalite pour la nuit a l'aeronaute; son adjoint a
loge chez lui les deux Americains.
"Le lendemain, samedi, l'equipage du second ballon rejoignait celui du
premier a Amiens, et l'on partait ensuite de cette ville
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