n loin des Prussiens, et le sauvetage des
caisses d'appareil n'a pas dure moins de huit jours.
Le _Niepce_ et le _Daguerre_, partis le meme jour, ont tous deux couru
de grandes peripeties. Le premier ballon, descendu a Ferrieres, a ete
poursuivi par les Prussiens et fait prisonnier.
Les deux ballons ont fait route ensemble au-dessus des nuages. Les
voyageurs des deux nacelles ont pu echanger des signaux dans les airs. Les
passagers du _Niepce_ ont vu le _Daguerre_ atterrir; ils ont apercu les
Prussiens qui se jetaient a sa rencontre pour s'en emparer!
II
Suite des voyages de novembre.--Les ascensions nocturnes.--Naufrages
aeriens.--Voyage extraordinaire de Paris en Norwege.--Descente a
Belle-Isle-en-Mer.--Les soixante-quatre ballons du siege.
Trois ballons venaient d'etre captures dans un espace de temps
tres-restreint: on se demandait si la poste aerienne n'allait pas
rencontrer des obstacles imprevus qu'il fallait a tout prix surmonter pour
eviter de nouvelles captures, pour sauvegarder les aeronautes, ces uniques
messagers de Paris assiege. On venait d'apprendre que les Prussiens,
consternes de voir les courriers de l'air defier leurs armes a feu, passer
si librement a quelques milliers de metres au-dessus de leurs lignes
d'investissement, etudiaient serieusement les moyens d'arreter les trop
audacieux ballons. L'illustre Krupp construisit un engin special destine
a atteindre les esquifs de l'air, admirable canon dont on attendait
merveille. Ce _gun balloon_ fut promene triomphalement dans les rues
de Versailles; c'etait une longue bouche a feu mobile autour d'un axe,
ressemblant bien plus a un telescope qu'a un canon. Les soldats de Bismark
disaient tout haut qu'ils allaient abattre les aerostats comme des
perdrix, mais le grand canon destine a la chasse aux ballons fit plus de
bruit que de besogne. L'ennemi organisa bientot un systeme d'observations
regulieres. Quand un ballon sortait de Paris, des sentinelles examinaient
la route qu'il suivait, et, par le telegraphe, prevenaient les postes
prussiens situes dans la ligne probable du voyage. Des uhlans, prevenus
a temps, couraient la tete en l'air, l'oeil braque dans le ciel et
s'efforcaient d'arriver au moment de la descente.
Il fut decide a Paris que les ascensions se feraient la nuit, au milieu
des tenebres. Les ballons, disait-on, vont partir a minuit, ils seront
caches a tout regard humain, en planant dans l'obscurite du ciel.
Mais en evitant
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