res qui exposaient les aeronautes aux plus
graves dangers. Aussi maintenant part-on mysterieusement, la nuit, et
cette nuit et ce mystere ajoutent singulierement aux emotions du depart.
"Au milieu d'une vaste cour se trouve le ballon a peu pres gonfle.
"Un ballon enorme en taffetas jaune; les lanternes a reflecteur des
locomotives l'eclairent etrangement; on le dirait transparent. Des ombres
immenses courent le long du filet. Tout autour, on fait silence. Seul le
sifflet aigu de M. Dartois, donnant le signal des manoeuvres, se fait
entendre a des intervalles reguliers.
"A dix heures et demie, un aide de camp arrive essouffle.
"--Une depeche du gouverneur!
"La depeche est precieusement mise de cote. La nacelle est fixee. On
entend le sifflet de la... pardon! le "_lachez tout!_" et lentement,
majestueusement, le ballon s'eleve, c'est-a-dire s'evanouit dans les
tenebres. A peine a-t-il depasse le toit de la gare, deja nous l'avons
perdu de vue. Cette masse s'est fondue dans les brouillards[12]!"
[Note 12: Le _Gaulois_, 18 novembre 1870.]
Le voyage execute par cet aerostat est des plus curieux. Les voyageurs
sont restes 10 heures en ballon pour tomber seulement a quelques lieues de
Paris. Ils croient avoir traverse Paris plusieurs fois pendant la nuit,
ce qui est possible en admettant la presence dans l'air de courants
contraires superposes a differentes altitudes.
VOYAGE DE NORWEGE.
28e Ascension. _24 novembre_.--La _Ville d'Orleans_. Aeronaute:
Rolier, ingenieur.--Passager: M. Deschamps, franc-tireur.
Depeches: 250 kil. Pigeons: 6.
Depart: gare du Nord, 11h. 45 soir.
Arrivee: Norwege, a cent lieues au nord de Christiania, le lendemain a 1
h. soir.
Ce voyage est un des plus curieux de l'histoire des ballons. Nous en
rendons compte d'apres une lettre adressee a l'_Independance belge_.
"Copenhague, 3 decembre.
"Je vous apporte le recit du merveilleux voyage aerien de MM. Paul Rolier
et Deschamps.
"Ce sont eux, vous le savez deja, qui descendirent en ballon aupres de
Christiania, en Norwege, il y a quelques jours. Je tiens les details qui
suivent de la bouche meme de l'un des aeronautes.
"Ils sont partis de Paris le 24 novembre, a 11 heures trois quarts du
soir, esperant se diriger sur Tours. Le ballon atteint bientot une hauteur
de 2,000 metres, hors de portee des balles prussiennes, et il dominait
alors tout le camp prussien. Puis, il passa successivement au-dessus de
plusieurs villes du nord
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