a neige. Les
premiers etres vivants qu'ils rencontrerent furent trois loups, qui les
laisserent passer sans les attaquer. Apres cinq ou six heures de marche,
ils atteignirent une pauvre cabane, ou ils s'abriterent. Le lendemain, ils
rencontrent une nouvelle cabane. La, ils trouverent des traces de feu et
comprirent alors qu'ils n'etaient pas eloignes d'un endroit habite.
"Peu apres deux bucherons survinrent; mais il leur fut impossible, a eux,
Francais, de se faire comprendre ou de savoir en quel pays ils etaient. Un
des bucherons sortit de sa poche une boite d'allumettes pour allumer du
feu. Rolier prit aussitot la boite et lut dessus Christiania. Plus
de doute, ils etaient en Norwege, nom que les paysans ne comprirent
naturellement pas; mais ils se douterent pourtant que les etrangers
voulaient se rendre a Christiania. Ils les conduisirent d'abord a leur
domicile pour les reconforter et leur donnerent tous les soins que
necessitait leur etat, puis ils les menerent chez le pasteur Celmer,
ou arriverent le docteur de l'endroit et l'ingenieur des mines, nomme
Nielsen. Ce dernier parlait tres-bien le francais, et ils purent raconter
leur voyage.
"Le journal de Drammen raconte que des paysans travaillant dans la foret
et apercevant le feu, s'elancerent vers cet endroit, croyant que des
vagabonds voulaient incendier la cabane.
"Les Francais, ajoute-t-il, recurent nos compatriotes avec des visages
souriants, battant des mains et criant: Norwegiens! _Normoed_(?) Il faut
alors qu'ils aient pu calculer qu'ils etaient en Norwege.
"Les voyageurs furent conduits a Kappellangaarden, ou l'on ne comprend pas
le francais; mais ils se firent comprendre en dessinant un cercle dans
lequel ils mirent un point qu'ils appelerent Paris, expliquant par geste
l'ascension du ballon et que les Prussiens avaient tire sur eux. Plus tard
on les conduisit a Kroasberg, dans la nuit, vers deux heures. Ils etaient
munis de pieces d'or, dont ils donnerent dans leur joie quelques-unes a un
pauvre petit garcon.
"A Drammen, ils recurent leurs cinq sacs de poste, pesant 230 livres,
leurs six pigeons voyageurs et leurs autres objets qu'ils avaient laisses
dans la nacelle: une couverture, deux bouteilles et demie de vin, un
barometre, un sextant, un thermometre, un drapeau de signal, une casquette
d'officier, etc., etc.
"Ils se determinerent a donner a l'universite de Christiania le ballon qui
mesure une hauteur de 2,000 m.c. et qui en quinze heur
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