vin,
un carafon d'eau-de-vie, ne sont pas non plus a dedaigner, car l'air des
nuages donne un appetit d'enfer.
Pour connaitre sa route dans l'air, l'aeronaute emporte une boussole; s'il
voit la terre, il reconnait le sillage trace par le ballon et l'aiguille
aimantee lui donne sa route. Le barometre indique enfin avec une grande
precision les altitudes au-dessus du niveau de la mer.
Les constructeurs aerostatiques du siege de Paris fabriquerent environ
soixante ballons de 2,000 metres cubes. L'installation de M. Eugene Godard
a la gare d'Orleans offrait un aspect merveilleux. D'un cote des femmes
cousaient les fuseaux du ballon, de l'autre des marins confectionnaient
les filets. Ailleurs enfin, le vernis s'etalait sur les aerostats cousus.
Au milieu de la gare, quelques ballons gonfles d'air sechaient leur couche
de vernis. Ils dominaient le sol comme le dos immense de ces cetaces qui
forment des iles flottantes au milieu de l'Ocean.
Les aerostats de M. Godard etaient a cotes bicolores bleues et rouges, ou
jaunes. Ceux de MM. Yon et Camille d'Artois etaient blancs. Cette couleur
est la meilleure sans contredit, car elle reflete, au lieu de les
absorber, les rayons lumineux. Un ballon blanc doit etre moins sensible
aux dilatations et aux contractions brusques qu'un aerostat colore.
L'ASCENSION.
MM. Eugene Godard, Camille d'Artois et Yon etaient charges de trouver des
aeronautes destines a s'elever dans les ballons-poste. Les braves marins
jouerent ici un role tres-important, car sur soixante-quatre ballons, il
y en eut trente qui furent conduits dans les airs par nos loups de mer,
transformes en _loups aeriens_.
On donnait quelques lecons preliminaires aux novices, mais quelles lecons!
Une nacelle etait pendue a une des poutres de fer de la gare, l'eleve y
grimpait et criait le "lachez tout." Mais il va sans dire qu'il restait en
place. On lui faisait jeter du lest et tirer une corde de soupape. Puis il
lancait son ancre et simulait l'atterrissage. Singulier apprentissage qui
rappelle les lecons de natation a calle seche.
Le jour de l'ascension designe, les passagers arrivaient au lieu du
depart, et remettaient leurs destinee entre les mains de l'apprenti
aeronaute. Ils s'elevaient dans les airs quelquefois par une nuit noire,
marchant a l'inconnu. Ma foi, quand on a pratique les ballons, qu'on a
souvent gravi les hautes regions de l'air, on ne peut s'empecher d'admirer
le courage et le devouement de c
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