es hardis explorateurs. Ici le mot
devouement n'est pas exagere, car les aeronautes sont partis de Paris en
ballon pour une somme insignifiante, quelques-uns ne recevaient comme
gratification pecuniaire que deux cents francs a peine. Je n'oublierai
jamais la stupefaction d'un Anglais que j'ai vu a Tours et qui me disait:
--O monsieur! comme on doit vous payer pour entreprendre de tels voyages!
Une ascension faite au-dessus des Prussiens, cela vaut deux mille livres
sterling.
--Je ne sais ce que cela vaut, monsieur. Mais en France ces choses-la ne
se font pas, ou se font pour rien.
Le brave Anglais n'a pas cru un mot de ce que je lui disais.
--Cela vaut cinquante mille francs, repetait-il.
Au moment du depart d'un ballon-poste, MM. Bechet, sous-directeur des
postes, ou Chassinat, directeur des postes de la Seine, apportaient les
ballots de lettres et les depeches. Enfin M. Herve-Mangon, avec un zele
bien louable, donnait les renseignements meteorologiques sur la direction
du vent, son intensite, etc. MM. Bechet, Chassinat et Herve-Mangon ont
passe le temps du siege a se lever a trois heures du matin, ou a une
heure, pour assister aux departs; la part qu'ils ont prise a la poste
aerienne ne sera pas oubliee: mais que de derangements inutiles, que de
peine perdue! Souvent le vent n'etait pas assez vif, on ne pouvait pas
partir; ou il etait trop violent, et au dernier moment l'aerostat volait
en eclats.
L'organisation du service des ballons-poste a ete en definitive creee avec
la plus grande regularite, la plus remarquable precision. Cette
creation restera un vrai titre de gloire pour M. Rampont et pour les
administrateurs de la poste francaise.
Dans les circonstances graves, M.E. Picard donnait lui-meme des
recommandations aux aeronautes. Car quelques ballons avaient a porter hors
Paris les nouvelles les plus importantes que les Prussiens ne pouvaient
pas intercepter au-dessus des nuages.
Continuons a present l'enumeration des voyages aeriens en nous fixant sur
ceux qui offrent le plus d'interet.
DEPARTS DE BALLONS EN OCTOBRE 1870.
VOYAGE DE H. GAMBETTA.
5e et 6e Ascensions. _7 octobre_.
1 deg. L'_Armand Barbes_, 1,200 met. cubes. Aeronaute, J. Trichet; passagers,
MM. Gambetta et Spuller.
2 deg. _Le George Sand_, 1,200 met. cubes. Aeronaute, J. Revilliod; passagers,
deux Americains et un sous-prefet.
Le double depart de l'_Armand Barbes_ et du _George Sand_ s'est effectue
dans des conditio
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