e de leurs concitoyens pour les services
qu'ils ont rendus a la Patrie.
On se rappelle que le 6 septembre 1870, les habitants des environs de
Paris recurent l'invitation de rentrer immediatement dans les murs de
l'enceinte.--Tous songent au depart, ils emportent les objets qui leur
sont precieux, brulent les approvisionnements qu'ils ne peuvent soustraire
a l'ennemi. Le spectacle de cette emigration restera toujours present a
l'esprit des Parisiens qui etaient la, aux portes des bastions, voyant
defiler les charrettes chargees de meubles, les voitures a bras couvertes
de paquets, les femmes, les enfants se pressant en files serrees,
comme dans les scenes bibliques de la fuite en Egypte! Mais il ne nous
appartient pas de raconter ces episodes du siege, nous ne voulons rappeler
ici que des dates.
Les Prussiens ce jour-la, etaient encore eloignes de Paris; avec la
rapidite foudroyante qui caracterise leurs mouvements, ils ne tardent pas
a investir la capitale. Le 19 septembre la voiture postale qui la
veille encore, avait emporte hors Paris des ballots, de depeches, dut
retrograder. Le 20, trois voitures, deux cavaliers, cinq pietons sont
lances hors de l'enceinte. Un seul pieton nomme Letoile, parvient jusqu'a
Evreux, et peut en rapporter sept jours apres 150 lettres en risquant
deux fois sa vie. Le 21, un des employes de la poste nous disait avec
stupefaction: "Je n'oserais pas affirmer qu'une souris pourrait maintenant
franchir les lignes prussiennes!"
La terre est fermee, on songe a l'eau, comme moyen de transport. Des
bouchons creux seront lances dans la Seine qui les portera au dehors,
ou qui les amenera au dedans. Mais des barrages ont ete construits par
l'ennemi qui a tout prevu. Un fil telegraphique a meme ete retire par lui
du fond de la Seine. Les routes aquatiques sont interceptees comme les
chemins terrestres.
L'air seul reste ouvert. On se souvient que Metz a deja lance des ballons
libres au-dessus des lignes ennemies. Paris enverra ses messagers planer
au milieu des nuages!
Avant de songer a la poste aerienne, on avait pense des le lendemain du 1
septembre, a organiser des aerostats militaires destines a surveiller les
mouvements ennemis au moyen d'ascensions captives.--Le gouvernement
de l'Empire n'avait meme pas voulu repondre aux offres de service des
aeronautes. M. de Fonvielle et moi, nous avions adresse chacun de notre
cote des petitions au ministre de la guerre, nous proposant de suivre
l'a
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