a un general d'armee
un observatoire aerien d'ou il peut embrasser d'un seul coup d'oeil le
champ de bataille. Mais, vers la fin de cette guerre malheureuse, on n'a
trouve presque nulle part, helas! un veritable champ de bataille, on n'a
vu guere que des _champs de deroute_! Il est certain que les aerostats
pourront etre efficaces dans des temps moins desastreux et dans des
saisons plus clementes!
_Dimanche 5 fevrier_.--La discipline est rigoureuse a Laval, nul officier
ne peut, sous quelque pretexte que ce soit, quitter son poste. Cependant
sachant ce que parler veut dire, nous ne doutons pas que le mot armistice
dans les circonstances presentes signifie: paix. A quoi bon demeurer
inutilement ici, nos ballons ne se sauveront pas tout seuls. Faisons nos
efforts pour quitter Laval, allons a Bordeaux, et nous reverrons bientot
Paris! C'etait la notre reve le plus cher.
A force de demarches, de pourparlers, de diplomatie, le chef d'etat-major
consent a nous donner nos feuilles de route pour Bordeaux. Nous partons le
lendemain, avec nos papiers en regle.
Le voyage s'effectue dans des conditions de lenteur desesperante. Nous
passons par Rennes, Nantes, Poitiers et Bordeaux. Trois nuits consecutives
sont passees en chemin de fer.
_Jeudi 9 fevrier_.--Le train s'arrete a Bordeaux a 7 heures du matin.
Impossible de voir M. Steenackers, il est tout aux elections. Il attend
avec impatience les resultats du scrutin, et ne se doute certainement pas
qu'ils ne lui seront pas favorables.
Nous faisons la rencontre de trois aeronautes: MM. Martin, Turbiaux et
Vibert; ces deux derniers sont venus vers la fin de janvier, ils nous
racontent leurs interessants voyages. M. Vibert est parti de Paris le 16
janvier, dans le ballon _le Steenackers_, il est descendu en Hollande
apres une longue traversee. Il avait avec lui deux caisses de dynamite,
matiere fulminante effroyable, que mon ami M. Paul Champion a si bien
etudiee pendant le siege. On la destinait, parait-il, a l'armee de
Bourbaki. M. Turbiaux a quitte la gare du Nord le 18 janvier dans le
ballon _la Poste de Paris_, sa descente s'est operee a Venray dans les
Pays-Bas. Quant a M. Martin, mon frere et moi avions deja eu le plaisir
de faire sa connaissance a Tours. Il etait parti de Paris le 30 novembre,
pour descendre a Belle-Ile-en-Mer, apres un voyage vraiment dramatique.
Nous reparlerons plus tard de cette curieuse ascension.
_Vendredi 10 fevrier_.--Mon frere rencontre un
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