oir, encore une nouvelle qui, inopinement, reveille le courage.
Garibaldi a battu les Prussiens devant Dijon. Nous sommes ainsi faits,
que dans l'horrible suite de nos malheurs, le plus petit revirement de
la fortune se transforme en un evenement destine a changer la face des
choses. Comment ne pas croire aveuglement a ce que l'on desire avec
ardeur? Le prisonnier, dans son cachot, ne pense-t-il pas a la delivrance,
quand un rayon de soleil apparait a ses yeux!
Une lettre recue de notre frere aine qui est a Paris dans les bataillons
de marche, augmente notre joie momentanee. Il nous apprend qu'il a recu de
nos nouvelles, par pigeon, pour la premiere fois, le 15 janvier.
Il raconte ses emotions de soldat, avec entrain, avec animation, et c'est
les larmes aux yeux que nous lisons le recit du depart des bataillons
de marche pour les avant-postes. Les sedentaires, musique en tete, les
femmes, accompagnant jusqu'aux portes des bastions, leurs maris, leurs
fils, leur insufflant l'energie des resolutions vaillantes, quel admirable
tableau, quelle scene touchante et pleine de grandeur! Soldats improvises,
Paris a les yeux sur vous, mais, de bien loin aussi, des voeux sinceres
accompagnent vos bataillons.
_Jeudi 26 janvier_.--Le ballon _la Poste de Paris_ apporte des nouvelles
de la capitale des 19, 20, 21 et 22 janvier. La sortie de Trochu a avorte!
Voila des evenements aussi funestes que decisifs. Quelle triste et
lamentable journee! Notre collegue Poirrier nous parle de sa femme, de ses
filles enfermees a Paris; Bertaux, de ses parents, de ses amis restes dans
la capitale. Quel avenir va s'ouvrir a la France? Il faut entrevoir le
jour ou Paris affame ouvrira ses portes aux soldats de Guillaume.
_Vendredi 27 janvier_.--Le general Chanzy s'apprete a une attaque
energique. Nous recevons le telegramme suivant qui nous tire de nos
cauchemars:
"General Chanzy a Tissandier, aerostier, a Rennes.
"Priere venir ici de suite avec tous les ballons; vous vous entendrez avec
l'amiral pour observer les mouvements ennemis sur la rive gauche en avant
de Laval."
VII
Les ballons captifs a Laval.--Ascensions
quotidiennes.--L'armistice.--Nantes.--Bordeaux.--L'Assemblee
nationale.--Paris!--Vides dans les rangs.
Du 28 janvier au 17 fevrier 1871.
A peine arrives a Laval, nous allons en toute hate au quartier du general
Chanzy. Le commandant en chef de la deuxieme armee nous felicite sur notre
exactitude. Les hostilites vont
|