, et de troupeaux de boeufs, destines,
dit-on, au ravitaillement de Paris.
On annonce que Gambetta va venir.
Voici enfin des nouvelles de Paris. On apprend le bombardement du plateau
d'Avron et des forts du sud.
Des officiers nous affirment que l'armee francaise devait marcher en
avant aujourd'hui meme, mais qu'un contre-ordre a subitement arrete le
mouvement.
_Mercredi 4 janvier_.--Nous passons une partie de la journee avec notre
ami M.G... directeur de la compagnie du Touage de la Seine. Il a ete
charge d'etudier la question du ravitaillement de Paris, et il se fait
fort de transporter par ses bateaux a vapeur jusqu'a Paris 11,000 tonnes
de marchandises!
Helas! que de reves on fait ainsi d'heure en heure! On parle
d'approvisionner Paris, de voler a son secours. Mais il y a auparavant
des combats a livrer, des victoires a remporter! Toutes nos esperances
se realiseront-elles? N'est-ce pas folie que d'y ajouter foi? Quelle
deception quand on s'adresse non plus a l'imagination, mais a la raison!
Nous allons a la gare, ou des ouvrieres reparent notre ballon de
soie.--Nous faisons mettre de bonnes pieces neuves dans les parties
faibles.
_Vendredi 6_.--Le general Chanzy s'informe de l'etat de nos ballons. Il
nous fait dire que l'armee est toujours en repos, mais que bientot sans
doute de graves evenements vont se derouler.
_Dimanche 8_.--Des bruits contradictoires de toute nature circulent au
Mans. On nous affirme au bureau du telegraphe que l'armee du general
Chanzy va decidement marcher en avant demain matin.
Cette armee compte deux cent mille hommes, cinq cents pieces de canon,
la victoire n'est pas douteuse. Ah! quand on se souvient de ces epoques,
comme on se rappelle jusqu'ou peut aller l'illusion conduite par le desir!
Apres avoir vu les debacles d'Orleans, de Blois, apres avoir touche du
doigt les causes de desorganisation de l'armee, pousses par l'amour de la
Patrie, nous esperions encore!
Les Prussiens, nous dit-on le soir, s'avancent du cote de
Nogent-le-Rotrou.--Les nouvelles de l'armee de Bourbaki, dans l'Est, sont
favorables.
_Mardi 10_.--On entend des coups de canon. Cette fois, la grande action
va s'engager. Le bruit de la canonnade est assez eloigne, il est faible,
c'est le grondement lugubre du tonnerre avant la tempete.
Le soir des paniques courent la ville. On pretend que les Prussiens sont
a cinq lieues, que nos avant-postes ont ete surpris. Mais les gens senses
n'ajoutent pa
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