nt s'enroule autour de l'arbre a quelques metres au-dessous de
la nacelle. Une nouvelle rafale siffle, et l'arbre se casse en deux comme
un fetu de paille. Le ballon eprouve une secousse terrible, mais mon frere
est tellement tranquille et impassible dans la nacelle que personne ne
pense au danger qu'il y a pour lui de se rompre les os.
Apres cet incident, l'aerostat revient dans son enceinte.
--C'est egal, dit le general, il faut un certain sang-froid pour faire ces
ascensions. Et se tournant en souriant vers un de ses aides de camp:
--Voudrez-vous vous charger de faire les observations avec ces messieurs?
--Ma foi, general, dit l'officier, je vous repondrai franchement:
Non.--Envoyez-moi contre des canons, j'irai sans sourciller. Mais les
ballons ne sont pas mon affaire.
--Eh bien! j'irai moi-meme, repliqua gaiement le general Chanzy. Au
revoir, Messieurs, je connaitrai demain les positions de l'ennemi et
n'ayez pas peur, ce n'est pas la besogne ni l'emotion qui vous feront
defaut.
Le general nous entretient encore quelques instants, il se fait presenter
nos collegues, MM. Revilliod, Bertaux et les marins, puis il s'elance
legerement sur son cheval, qui l'emporte avec la rapidite de la fleche.
_Jeudi_ 22 _decembre_.--Les nouvelles qui circulent au Mans depuis
l'arrivee du general Chanzy et de son armee paraissent monter au beau. A
la gare ce ne sont que convois d'approvisionnement, fourgons de munitions,
plate-formes d'artillerie qui arrivent sans cesse.
L'atmosphere devient respirable.
La visite du general nous a donne du coeur, nous ne doutons pas que le
moment de l'action est proche.
Malheureusement on n'a jamais tous les bonheurs a la fois. Le temps est
mauvais. Le vent est d'une force extreme. Le froid est terrible. Je ne me
rappelle pas avoir vu d'hiver aussi rigoureux. La _Ville de Langres_ est
torture par les rafales. Le ballon gemit et se cabre avec violence. Il va
crever si cela dure. Il vole en eclats, vers la fin de la journee!
Nous nous mettons eu mesure de le reparer de suite, et de faire gonfler,
si cela est necessaire, le ballon de Revilliod et Poirrier.
_Samedi_ 24.--A midi le ballon captif, completement remis a neuf apres un
travail de 12 heures, est gonfle.--Je cours au quartier du general Chanzy,
qui me recoit. Il ne connait pas la position de l'ennemi, et ne peut
encore nous assigner aux environs du Mans un poste d'observation.
Le ballon s'agite toujours avec assez de f
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