un miroir de
cristal. Je reste la quelques minutes, suspendu a l'extremite des
cordages, et j'admire la belle campagne qui entoure le Mans. Ma vue se
porte jusqu'a plusieurs lieues tout autour de la ville, je distingue les
routes, les maisons, les champs; et je verrais facilement le moindre
bataillon a une tres-grande distance. Pour monter et descendre a volonte,
nous avons une trompe qui sert de signal: un coup de trompe donne le
signal de l'ascension, deux coups, celui de l'arret, trois coups, celui de
la descente.
Quand je veux revenir a la surface du sol, je donne trois coups de trompe.
Le chef d'equipe repete a terre le signal, et les cordes, tirees par les
mobiles, ramenent bientot l'aerostat dans son enceinte.
Mon frere, assiste de Jossec, fait une seconde ascension, il depasse la
hauteur que j'ai atteinte et' s'eleve a 320 metres. Une troisieme et une
quatrieme ascensions sont executees avec le meme succes par Bertaux,
Revilliod et Poirrier.
_Lundi 19_.--Le ciel est legerement brumeux, l'horizon est tres-borne.
Le ballon a passe la nuit sans perdre de gaz, il est aussi gonfle que la
veille.
A une heure, nous executons une premiere ascension. Mon frere, Jossec et
un de nos matelots sont dans la nacelle. Celui-ci n'a jamais ete en ballon
et parait ravi de faire ses premieres armes aeriennes. Nous voulons faire
monter successivement les huit matelots de l'equipe.
Le vent est assez vif et l'aerostat ne s'eleve pas a une grande hauteur.
Il serait dangereux de le laisser monter comme hier a 300 metres
d'altitude.
Je fais une deuxieme ascension captive avec deux marins, puis une
troisieme, mais le brouillard est assez epais, et c'est a peine si l'on
distingue les prairies les plus voisines du Mans.
Ces premiers resultats nous paraissent aussi satisfaisants que possible.
Le ballon la _Ville de Langres_, en soie double, est d'une grande
solidite et resiste a des vents intenses sans se deteriorer. Il est d'une
impermeabilite presque complete et parait remplir toutes les conditions
d'un aerostat captif transportable. Que ne ferait-on pas avec un semblable
appareil bien utilise? Qui empecherait qu'on n'executat des ascensions
nocturnes en enlevant a bord un fanal electrique qui, de son rayon
lumineux, sonderait au loin la campagne? Ce n'est pas le desir qui nous
manque de tenter cette belle experience, mais le professeur de physique du
Mans, M. Charault, qui a deja mis a notre disposition plusieurs appareils,
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