rtement de la Sarthe, qui est aussi,
comme nous l'avons appris, la patrie de Coutelle, le celebre aerostier de
Fleurus. A une station, nous nous sommes croises avec les voyageurs
d'un nouveau ballon descendu recemment. L'un d'eux est un de mes amis
d'enfance, Gaston Prunieres, que je n'avais pas vu depuis 12 ans! Il m'a
montre le _Journal Officiel_ de Paris, ou est inseree une depeche que
nous avons envoyee par pigeons, prevenant les Parisiens de donner aide
et protection aux ballons qu'ils pourront apercevoir au-dessus de leurs
tetes.
Le lendemain de notre arrivee au Mans, nous rendons visite au prefet, M.
Georges Lechevalier, qui est un ancien camarade de college de mon frere;
il nous accueille de la facon la plus obligeante, et nous prete le plus
utile concours. Une fois nos dispositions prises pour le gonflement, il
faut bon gre mal gre patienter, car le vent est defavorable: il souffle du
nord, et il n'y a guere de chance de le voir tourner rapidement vers le
sud-ouest. Je ferai remarquer ici que le projet adopte a l'origine n'a
pas ete realise. Pendant notre sejour au Mans, le vent ne nous a pas
favorises. Mais il aurait du y avoir un ballon a Amiens, a Rouen, et, a
cette epoque, ceux-la auraient pu plusieurs fois tenter le voyage dans
d'excellentes circonstances.
Le dimanche 30 octobre, l'aerostat est gonfle sur les bords de la Sarthe.
On execute plusieurs ascensions captives pour sonder l'air. Nous enlevons
dans la nacelle quelques officiers, bien loin de soupconner alors que
plus tard nous devions nous retrouver a la meme place, comme aerostiers
militaires, sous les ordres du general Chanzy. Le temps est calme et le
ballon plane immobile au-dessus de la Sarthe, ou il se reflete comme dans
un miroir. Une foule considerable assiste a nos ascensions captives et
attend avec impatience le moment du depart. Mais le vent est toujours
impitoyablement tourne au nord et au nord-ouest.
L'aerostat est confie a la garde d'un poste de zouaves pontificaux; ces
braves soldats viennent d'arriver de Rome avec Charette.
Les journees se passent et le bon vent n'arrive pas. Toujours vent
nord-ouest. M. Marie Davy nous telegraphie que les circonstances
atmospheriques ne changeront probablement pas avant longtemps. "Ah! si
nous etions a Rouen, nous pourrions partir et les courants aeriens nous
entraineraient doucement sur Paris." En faisant cette reflexion, il me
prend l'idee d'imiter Mahomet qui marche vers la montagne. Le ve
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