toffe, on s'efforce de
trouver des ouvrieres. Quelques jours apres, quatre-vingts aiguilles
marchent sans cesse, car les cotes sont etroites, et la longueur de la
piqure qu'il s'agit de faire est considerable. Le travail est lance avec
activite, et se terminera dans un delai de quinze jours.
On n'a pas perdu le temps pendant mon absence; le vendredi 7, une
experience est faite avec un ballon captif de 20 metres cubes pour
connaitre a quelle hauteur un ballon est a l'abri des balles de chassepot.
Un aerostat captif en papier est monte a 400 metres de haut. Dix-huit bons
tireurs le visent a cette hauteur. On ramene l'aerostat a terre, il est
perce de 11 balles. A 500 metres de haut, pas une balle n'a porte. MM.
l'amiral Fourichon et Glois-Bizoin assistaient a l'experience: ce dernier
fit meme le coup de feu avec une grande habilete.
J'utilise mes moments de loisir a publier dans le _Moniteur Universel_ une
serie d'articles sur _Paris assiege_. On a soif de savoir ce qui se passe
dans les murs de la capitale, les details que j'apporte sur la physionomie
des bastions, sur les travaux effectues au bois de Boulogne, au
Point-du-Jour, les recits que je fais sur la formation des ambulances,
sur l'organisation des gardes nationaux, excitent vivement l'attention
de tous. Mais bientot, d'autres ballons viennent apres moi apporter des
nouvelles plus recentes.
Les aerostats continuent en effet a attirer l'attention generale. On
apprend que Gambetta a confie sa fortune a l'esquif aerien, qu'il est
descendu pres d'Amiens, apres un voyage emouvant, rempli de dangers
auxquels il a echappe comme par miracle. En meme temps que Gambetta, un
deuxieme aerostat est parti de la place Saint-Pierre, conduit par M.
Revilliod. L'arrivee du ministre de l'interieur a Tours, le 11 octobre,
produit une veritable revolution; on ne doute pas que la face des choses
va changer, chacun est persuade qu'une main energique va enfin imprimer a
la France l'elan du salut et de la delivrance.
Peu de jours apres, les descentes d'aerostats se succedent. Farcot et
Tracelet descendent en Belgique le 12 octobre. Bertoux et Van Roosebeke
tombent a Cambrai, et subissent un trainage perilleux. M. Bertoux est
grievement blesse, et Van Roosebeke, roule dans la nacelle, parvient a
sauver les pigeons voyageurs qu'il amene de Paris.
On ne peut plus douter, non sans une joie indicible, que le service des
ballons-poste est definitivement organise. Cependant je suis pro
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