nt pas les hommes de bonne volonte qui
feront defaut pour un tel genre d'investigation, car, comme nous le disait
avec esprit un des plus illustres savants de l'Angleterre: "Le Francais
est essentiellement aeronaute; son caractere aventureux, un peu volage,
est bien fait pour cet art merveilleux, ou l'imprevu joue un si grand
role."
En effet, les questions aerostatiques ont toujours eu en France le
privilege de passionner le peuple, et ce fait offre une importance reelle,
car il y a, au-dessus des appreciations de la science, au-dessus de l'avis
des hommes du metier, il y a quelque chose d'indefinissable qu'on appelle
l'opinion publique. Rarement elle s'egare dans les jugements qu'elle porte
instinctivement sur les problemes de ce genre, et nul ne peut nier qu'elle
n'accorde aux ballons une large part d'admiration. Le peuple, le public,
si vous voulez, aime les ballons, comme il admire une oeuvre d'art, comme
il ecoute un opera des maitres; dans un musee, sans etre peintre, le
public marque du doigt le chef-d'oeuvre; sans etre ecrivain, il trouve le
bon livre; sans etre savant, il sait flairer les grandes decouvertes dans
les choses de la science. Malgre les hommes speciaux qui denigrent a sa
naissance le gaz de l'eclairage, il accourt aux experiences de Philippe
Lebon, et les impose a l'administration; il applaudit a l'apparition
des chemins de fer, en depit des savants qui les denigrent. Or, nous le
repetons, il aime les aerostats, il PRESSENT qu'il y a la un inconnu plein
de mystere, mais plein d'esperance, il CROIT a la navigation aerienne.
L'avenir donnera raison a l'intuition populaire, a ce que l'auteur latin
appelle "_vox populi_."
Que de progres a rever; que de perfectionnements a entrevoir dans
l'aeronautique comme dans toutes les branches du savoir humain! Mais la
science est un sol qui, quoique fertile, ne donne une ample moisson qu'a
ceux qui la cultivent avec acharnement. Et combien la culture a ete
negligee depuis vingt ans! Mais pour notre malheur, ce n'est pas seulement
l'art des Montgolfier qu'on a laisse deperir dans une criminelle
negligence. Il faut avouer et reconnaitre que toutes les sciences ont
subi chez nous une trop visible decheance; aussi quand l'heure du peril
a sonne, les hommes superieurs ont manque pour recourir aux immenses
ressources de la nation.
Le 4 septembre 1870, apres un nouveau Waterloo, on esperait un autre 1792!
Mais on oubliait que vers la fin du siecle dernier, la Conve
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