Il devait savoir si c'etait la main droite d'Artaxerce qui etait la plus
longue.
Et voici venir le _Romain_, l'adorateur de l'antiquite latine. Tout ce
qui se rapporte au gouvernement republicain, dans son livre, est tire de
l'etude qu'il a faite et de la vision qu'il a gardee de la vieille Rome.
Grandes vertus civiques, legislation forte, amour de la patrie, respect
de la loi, un grand courage et un grand dessein; lorsque l'un et l'autre
faiblissent, decadence et decomposition, substitution de la Monarchie a
la Republique: pour Montesquieu voila toute l'histoire romaine, et voila
l'essence de toute republique. La Republique est: _soyez vertueux_. Il
s'ingenie, pour ne desobliger personne, a restreindre le sens de ce
mot de _vertu_. Qu'on ne s'y trompe point: il ne s'agit que de vertu
"_politique_", c'est-a-dire d'amour de la patrie, de l'egalite, de
la frugalite. Le lecteur s'est toujours obstine a prendre, en lisant
Montesquieu, le mot vertu dans tout son sens; et, en verite, il a
raison. L'auteur l'emploie a chaque instant dans sa signification la
plus etendue; et quand meme il ne le ferait point, l'amour de la patrie
pousse jusqu'a lui sacrifier tout et soi-meme n'est pas autre chose que
la vertu tout entiere, parce qu'elle la suppose toute.
Montesquieu apporte donc comme un element, au moins, de sociologie
moderne, l'ideal un peu convenu, un peu _livresque_, de simplicite
voulue, de purete et d'innocence dans les moeurs, qui lui est reste de
son commerce avec Plutarque, avec Valere Maxime, et, remarquez-le, aussi
avec les _Moeurs des Germains_, qu'il prend un peu trop au serieux, et
dont, vraiment, il abuse. Son fond d'optimisme, sa confiance dans les
forces morales de l'homme, que lui a si durement reproche Joseph de
Maistre, et que nous retrouverons ailleurs, vient de la. Il a eu sur sa
pensee, et sur la pensee de beaucoup d'autres en son siecle, une grande
influence.
Et si l'erudit ancien a sa part dans l'_Esprit des Lois_, l'observateur
moderne a la sienne aussi. S'il prend l'idee de l'essence de la
Republique dans ses livres latins, il prend l'idee de l'essence de la
Monarchie dans le spectacle qu'il a sous les yeux. L'_honneur_ est pour
lui le principe des monarchies. Il faut entendre par la, non point le
sentiment exalte de la dignite personnelle, ce serait etat d'esprit que
les anciens ont connu et qui se confond avec l'instinct du devoir; non
point l'orgueil feodal, le respect d'un nom longtemps por
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