es pieces elles-memes. Tout marche
du meme pas dans la voie naturaliste. Lorsque le costume devient plus
exact, c'est que les decors le sont aussi, c'est que les acteurs se
degagent de la declamation ampoulee, c'est enfin que les pieces etudient
de plus pres la realite et mettent a la scene des personnages plus
vrais. Aussi, pourrais-je faire, au sujet des decors, les memes
reflexions que je viens de faire a propos du costume. La aussi, nous
semblons arrives a la plus grande somme de verite possible, lorsque
de grands pas sont encore a faire. Il s'agirait surtout d'augmenter
l'illusion, en reconstituant les milieux, moins dans leur pittoresque
que dans leur utilite dramatique. Le milieu doit determiner le
personnage. Lorsqu'un decor sera etudie a ce point de vue qu'il donnera
l'impression vive d'une description de Balzac, lorsque, au lever de
la toile, on aura une premiere donnee sur les personnages, sur leur
caractere et leurs habitudes, rien qu'a voir le lieu ou ils se meuvent,
on comprendra de quelle importance peut etre une decoration exacte.
C'est la que nous allons, evidemment; les milieux, ces milieux dont
l'etude a transforme les sciences et les lettres, doivent fatalement
prendre au theatre une place considerable; et je retrouve ici la
question de l'homme metaphysique, de l'homme abstrait qui se contentait
de trois murs dans la tragedie, tandis que l'homme physiologique de nos
oeuvres modernes demande de plus en plus imperieusement a etre determine
par le decor, par le milieu, dont il est le produit. On voit donc que
la voie du progres est longue encore, aussi bien pour la decoration que
pour le costume. Nous sommes dans la verite, mais nous balbutions a
peine.
Un autre point tres grave est la diction. Certes, nous n'en sommes plus
a la melopee, au plain-chant du dix-septieme siecle. Mais nous avons
encore une voix de theatre, une recitation fausse tres sensible et tres
facheuse. Tout le mal vient de ce que la plupart des critiques erigent
les traditions en un code immuable; ils ont trouve le theatre dans un
certain etat, et au lieu de regarder l'avenir, de juger par les progres
accomplis les progres qui s'accomplissent et qui s'accompliront, ils
defendent avec entetement ce qui reste des conventions anciennes, en
jurant que ce reste est d'une necessite absolue. Demandez-leur pourquoi,
faites-leur remarquer le chemin parcouru, ils ne donneront aucune raison
logique, ils repondront par des affirmations basees j
|