es scenes et y developper des foules,
on se trouve fort embarrasse, gene par la monotonie et le deuil uniforme
de la figuration. Je crois que, dans ce cas, on devrait utiliser la
variete que peut offrir le melange des classes et des metiers. Ainsi,
pour me faire entendre, j'imagine qu'un auteur place un acte dans le
carre des Halles centrales, a Paris. Le decor serait superbe, d'une vie
grouillante et d'une plantation hardie. Eh bien! dans ce decor immense,
on pourrait parfaitement arriver a un ensemble tres pittoresque, en
montrant les forts de la Halle coiffes de leurs grands chapeaux, les
marchandes avec leurs tabliers blancs et leurs foulards aux tons vifs,
les acheteuses vetues de soie, de laine et d'indienne, depuis les dames
accompagnees de leurs bonnes, jusqu'aux mendiantes qui rodent pour
ramasser des epluchures. D'ailleurs, il suffit d'aller aux Halles et
de regarder. Rien n'est plus bariole ni plus interessant. Tout Paris
voudrait voir ce decor, s'il etait realise avec le degre d'exactitude et
de largeur necessaire.
Et que d'autres decors a prendre, pour des drames populaires!
L'interieur d'une usine, l'interieur d'une mine, la foire aux pains
d'epices, une gare, un quai aux fleurs, un champ de courses, etc., etc.
Tous les cadres de la vie moderne peuvent y passer. On dira que ces
decors ont deja ete tentes. Sans doute, dans les feeries on a vu des
usines et des gares de chemin de fer; mais c'etaient la des gares et des
usines de feerie, je veux dire des decors bacles de facon a produire
une illusion plus ou moins complete. Ce qu'il faudrait, ce serait une
reproduction minutieuse. Et l'on aurait fatalement des costumes, fournis
par les differents metiers, non pas des costumes riches, mais des
costumes qui suffiraient a la verite et a l'interet des tableaux.
Puisque tout le monde se lamente sur la mort du drame, nos auteurs
dramatiques devraient bien tenter ce genre du drame populaire et
contemporain. Ils pourraient y satisfaire a la fois les besoins de
spectacle qu'eprouve le public et les necessites d'etudes exactes qui
s'imposent chaque jour davantage. Seulement, il est a souhaiter que
les dramaturges nous montrent le vrai peuple et non ces ouvriers
pleurnicheurs, qui jouent de si etranges roles, dans les melodrames du
boulevard.
D'ailleurs, je ne me lasserai pas de le repeter apres M. Adolphe
Jullien, tout se tient au theatre. La verite des costumes ne va pas sans
la verite des decors, de la diction, d
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