nnes. Partout ailleurs, les pertes sont
en pierre, les murailles en briques seches, a assises tordues.
L'enceinte n'etait pas destinee, comme on l'a dit souvent, a isoler le
temple et a derober aux yeux des profanes les ceremonies qui s'y
accomplissaient. Elle marquait la limite ou s'arretait la maison du
dieu, et servait au besoin a repousser les attaques d'un ennemi dont les
richesses accumulees dans le sanctuaire auraient allume la cupidite. Des
allees de sphinx, ou, comme a Karnak, une suite de pylones echelonnes,
menaient des portes aux differentes entrees, et formaient autant de
larges voies triomphales. Le reste du terrain etait occupe, en partie
par les etables, les celliers, les greniers des pretres, en partie par
des habitations privees. De meme qu'en Europe, au moyen age, la
population s'amassait plus dense autour des eglises et des abbayes, en
Egypte, elle se pressait autour des temples, pour profiter de la
tranquillite qu'assuraient au dieu la terreur de son nom et la solidite
de ses remparts. Au debut, on avait reserve un espace vide le long des
pylones et des murs, puis les maisons envahirent ce chemin de ronde et
s'appuyerent a la paroi meme. Detruites et rebaties sur place pendant
des siecles, le sol s'exhaussa si bien de leurs debris, que la plupart
des temples finirent par s'enterrer peu a peu et se trouverent en
contrebas des quartiers environnants. Herodote le raconte de Bubaste, et
l'examen des lieux montre qu'il en etait de meme dans beaucoup
d'endroits. A Ombos, a Edfou, a Denderah, la cite entiere tenait dans la
meme enceinte que la maison divine. A El-Kab, l'enceinte du temple etait
distincte de celle de la ville; elle formait une sorte de donjon ou la
garnison pouvait chercher un dernier abri. A Memphis, a Thebes, il y
avait autant de donjons que de temples principaux, et ces forteresses
divines, d'abord isolees au milieu des maisons, furent, a partir de la
XVIIIe dynastie, reunies entre elles par des avenues bordees de sphinx.
C'etait le plus souvent des androsphinx a tete d'homme et au corps de
lion, mais on trouve aussi des criosphinx a corps de lion et a tete de
belier (Fig.91), ou meme, dans les endroits ou le culte local
comportait une pareille substitution, des beliers agenouilles qui
tiennent une figure du souverain dedicateur entre leurs pattes de devant
(Fig.92). L'avenue qui va de Louxor a Karnak etait composee de ces
elements divers. Elle a 2 kilometres de long et s'inflechit a diver
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