t aux figures secondaires et aux accessoires, on n'a plus qu'un
souci, c'est de les entasser aussi serre que possible. Ce n'est pas la
faute de gout; une idee religieuse a decide et precipite ces
changements. La decoration n'avait pas seulement pour objet le plaisir
des yeux. Qu'on l'appliquat a un meuble, a un cercueil, a une maison, a
un temple, elle possedait une vertu magique, dont chaque etre ou chaque
action representee, chaque parole inscrite ou prononcee au moment de la
consecration, determinait la puissance et le caractere. Chaque tableau
etait donc une amulette en meme temps qu'un ornement. Tant qu'il durait,
il assurait au dieu le benefice de l'hommage rendu ou du sacrifice
accompli par le roi; il confirmait au roi, vivant ou mort, les graces
que le dieu lui avait accordees en recompense, il preservait contre la
destruction le pan de mur sur lequel il etait trace. A la XVIIIe
dynastie, on pensait qu'une ou deux amulettes de ce genre suffisaient a
obtenir l'effet qu'on en attendait. Plus tard, on crut qu'on ne saurait
trop en augmenter la quantite, et on en mit autant que la muraille
pouvait en recevoir. Une chambre moyenne d'Edfou et de Denderah fournit
a l'etude plus de materiaux que la salle hypostyle de Karnak, et la
chapelle d'Antonin a Philae, si elle avait ete terminee, renfermerait
autant de scenes que le sanctuaire de Louxor et le couloir qui
l'enveloppe.
[Illustration: Fig. 103]
[Illustration: Fig. 104--Paroi d'une chambre a Denderah, pour montrer
la disposition des tableaux.]
En voyant la variete des sujets traites sur les murs d'un meme temple,
on est d'abord tente de croire que la decoration ne forme pas un
ensemble suivi d'un bout a l'autre, et que, si plusieurs series sont, a
n'en pas douter, le developpement d'une seule idee historique ou
dogmatique, d'autres sont jetees simplement a la file, sans aucun lien
qui les rattache entre elles. A Louxor et au Ramesseum, chaque face de
pylone est un champ de bataille, sur lequel on peut etudier presque jour
a jour la lutte de Ramses II contre les Khiti, en l'an V de son regne,
le camp des Egyptiens attaque de nuit, la maison du roi surprise pendant
la marche, la defaite des barbares, leur fuite, la garnison de Qodshou
sortie au secours des vaincus, les mesaventures du prince de Khiti et de
ses generaux. Ailleurs la guerre n'est point representee, mais le
sacrifice humain qui marquait jadis la fin de chaque campagne: le roi
saisit aux cheveux les pr
|