nnes. C'etait alors une grande faveur, et l'inscription de ces
monuments mentionne toujours qu'ils ont ete deposes _par la grace du
roi_ a la place qu'ils occupent. Si rarement que ce privilege fut
accorde par le souverain, les statues votives avaient fini par
s'accumuler avec les siecles, et les cours de certains temples en
etaient remplies. A Karnak, l'enceinte du sanctuaire etait garnie
exterieurement d'une sorte de banc epais, construit a hauteur d'appui en
facon de socle allonge. C'est la que les statues etaient placees, le dos
au mur. Elles etaient accompagnees chacune d'un bloc de pierre
rectangulaire, muni sur l'un des cotes d'une saillie creusee en
gouttiere: c'est ce que l'on appelle la table d'offrandes (Fig.107). La
face superieure en est evidee plus ou moins profondement et porte
souvent en relief des pains, des cuisses de boeuf, des vases a libations
couches a plat, et les autres objets qu'on avait accoutume de presenter
aux morts ou aux dieux. Celles du roi Amoni-Entouf-Amenemhait, a Boulaq,
sont des blocs de plus d'un metre de long, en gres rouge, dont la face
superieure est chargee de godets creuses regulierement; une offrande
particuliere repondait a chaque godet. Un culte etait en effet attache
aux statues, et les tables etaient de veritables autels, sur lesquels on
deposait, pendant le sacrifice, les portions de la victime, les gateaux,
les fruits, les legumes.
[Illustration: Fig. 105]
[Illustration: Fig. 106]
[Illustration: Fig. 107]
Le sanctuaire et les pieces qui l'environnent contenaient le materiel du
culte. Les bases d'autel sont, les unes carrees et un peu massives, les
autres polygonales ou cylindriques; plusieurs de ces dernieres
ressemblent assez a un petit canon pour que les Arabes leur en donnent
le nom. Les plus anciennes sont de la Ve dynastie; la plus belle,
deposee aujourd'hui a Boulaq, a ete dediee par Seti Ier. Le seul autel
complet que je connaisse a ete decouvert a Menshieh en 1884 (Fig.108).
Il est en calcaire blanc, compact, poli comme le marbre, et a pour pied
un cone tres allonge, sans ornement qu'un tore d'environ dix centimetres
au-dessous du sommet. Un vaste bassin hemispherique s'emboite dans une
entaille carree, qui sert comme de gueule au canon. Les naos sont de
petites chapelles de pierre ou de bois (Fig.109) ou logeait en tout
temps l'esprit, a certaines fetes, le corps meme du dieu. Les barques
sacrees etaient baties sur le modele de la bari dans laquelle le solei
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