l
accomplissait sa course journaliere. Un naos s'elevait au milieu,
recouvert d'un voile qui ne permettait pas aux spectateurs de voir ce
Qu'il renfermait; l'equipage etait figure, chaque dieu a son poste de
manoeuvre, les pilotes d'arriere au gouvernail, la vigie a l'avant, le
roi a genoux, devant la porte du naos. Nous n'avons trouve jusqu'a
present aucune des statues qui servaient aux ceremonies du culte, mais
nous savons l'aspect qu'elles avaient, le role qu'elles jouaient, les
matieres dont elles etaient composees. Elles etaient animees et avaient,
outre leur corps de pierre, de metal, ou de bois, une ame enlevee par
magie a l'ame de la divinite qu'elles representaient. Elles parlaient,
remuaient, agissaient, reellement et non par metaphore. Les derniers
Ramessides n'entreprenaient rien sans les consulter; ils s'adressaient
a elles, leur exposaient l'affaire, et, apres chaque question, elles
approuvaient en secouant la tete. Dans la stele de Bakhtan, une statue
de Khonsou impose quatre fois les mains sur la nuque d'une autre statue,
pour lui transmettre le pouvoir de chasser les demons. La reine
Hatshopsitou envoya une escadre a la recherche des Pays de l'Encens,
apres avoir converse avec la statue d'Amon dans l'ombre du sanctuaire.
En theorie, l'ame divine etait censee produire seule des miracles: dans
la pratique, la parole et le mouvement etaient le resultat d'une fraude
pieuse. Avenues interminables de sphinx, obelisques gigantesques,
pylones massifs, salles aux cent colonnes, chambres mysterieuses ou le
jour ne penetrait jamais, le temple egyptien tout entier etait bati pour
servir de cachette a une poupee articulee, dont un pretre agitait les
fils.
[Illustration: Fig. 108]
CHAPITRE III
LES TOMBEAUX
Les Egyptiens composaient l'homme de plusieurs etres differents, dont
chacun avait ses fonctions et sa vie propre. C'etait d'abord le corps,
puis le double (ka), qui est le second exemplaire du corps en une
matiere moins dense que la matiere corporelle, une projection coloree,
mais aerienne de l'individu, le reproduisant trait pour trait, enfant,
s'il s'agissait d'un enfant, femme s'il s'agissait d'une femme, homme
s'il s'agissait d'un homme. Apres le double venait l'ame (bi, bai), que
l'imagination populaire se representait sous la figure d'un oiseau, et
apres l'ame, le lumineux (khou), parcelle de flamme detachee du feu
divin. Aucun de ces elements n'etait imperissable par nature; mais,
livres a
|