isonniers prosternes a ses pieds, et leve la
massue comme pour ecraser leurs tetes d'un seul coup. A Karnak, le long
du mur exterieur, Seti Ier fait la chasse aux Bedouins du Sinai. Ramses
III, a Medinet-Habou, detruit la flotte des peuples de la mer, ou recoit
les mains coupees des Libyens que ses soldats lui apportent en guise de
trophees. Puis, sans transition, on apercoit un tableau pacifique, ou
Pharaon verse a son pere Amon une libation d'eau parfumee. Il semble
qu'on ne puisse etablir aucun lien entre ces scenes, et pourtant l'une
est la consequence necessaire des autres. Si le dieu n'avait pas donne
la victoire au roi, le roi a son tour n'aurait pas institue les
ceremonies qui s'accomplissaient dans le temple. Le sculpteur a
transporte les evenements sur la muraille, dans l'ordre ou ils s'etaient
passes, la victoire, puis le sacrifice, le bienfait du dieu d'abord et
les actions de graces du roi. A y regarder de pres, tout se suit, tout
s'enchaine de la meme maniere dans cette multitude d'episodes. Tous les
tableaux, et ceux-la dont la presence s'explique le moins au premier
coup d'oeil, representent les moments d'une action unique, qui commence
a la porte et se deroule, a travers les salles, jusqu'au fond du
sanctuaire. Le roi entre au temple. Dans les cours, le souvenir de ses
victoires frappe partout ses regards; mais voici que le dieu sort a sa
rencontre, cache dans une chasse et environne de pretres. Les rites
prescrits en pareil cas sont retraces sur les murs de l'hypostyle ou ils
s'executaient, puis roi et dieu prennent ensemble le chemin du
sanctuaire. Arrives a la porte qui donne acces de la partie publique
dans la partie mysterieuse du temple, le cortege humain s'arrete, et le
roi, franchissant le seuil, est accueilli par les dieux. Il fait l'un
apres l'autre tous les exercices religieux auxquels l'oblige la coutume;
ses merites s'accroissent par la vertu des prieres, ses sens s'affinent,
il prend place parmi les types divins, et penetre enfin dans le
sanctuaire, ou le dieu se revele a lui sans temoin et lui parle face a
face. La decoration reproduit fidelement le progres de cette
presentation mystique: accueil bienveillant des divinites, gestes et
offrandes du roi, les vetements qu'il depouille ou revet successivement,
les couronnes dont il se coiffe, les prieres qu'il recite et les graces
qui lui sont conferees, tout est grave sur les murs en ses lieu et
place. Le roi et les rares personnes qui l'accomp
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