les piliers. Le toit, voute a Abydos, plat partout ailleurs, repondait
exactement a l'opinion qu'on se faisait du ciel. Chaque partie recevait
une decoration appropriee a sa signification. Ce qui touchait au sol se
revetait de vegetation. La base des colonnes etait entouree de
feuilles, le pied des murs se garnissait de longues tiges de lotus ou de
papyrus (Fig.98), au milieu desquelles passaient quelquefois des
animaux. Des bouquets de plantes fluviales, emergeant de l'eau
(Fig.94), egayaient les soubassements de certaines chambres. Ailleurs,
c'etaient des fleurs epanouies, entremelees de boutons isoles (Fig.95)
ou reliees par des cordes (Fig.96), des emblemes indiquant la reunion
des deux Egyptes entre les mains d'un seul Pharaon (Fig.97), des
oiseaux a bras d'hommes assis en adoration sur le signe des fetes
solennelles, ou des prisonniers accroupis et lies au poteau deux a deux,
un negre avec un Asiatique (Fig.98). Des Nils males et femelles
s'agenouillaient (Fig.99), ou s'avancaient majestueusement en
procession, au ras de terre, les mains chargees de fleurs et de fruits.
Ce sont les nomes de l'Egypte, les lacs, les districts qui apportent
leurs produits au dieu. Une fois meme, a Karnak, Thoutmos III a grave
sur le soubassement les fleurs, les plantes et les animaux des pays
etrangers qu'il avait vaincus (Fig.100). Le plafond, peint en bleu,
etait seme d'etoiles jaunes a cinq branches, auxquelles se melent par
endroits les cartouches du roi fondateur. De longues bandes
d'hieroglyphes rompaient d'espace en espace la monotonie de ce ciel
d'Egypte. Les vautours de Nekhab et d'Ouazit, les deesses du midi et du
nord, couronnes et armes d'emblemes divins (Fig.101), planent dans la
travee centrale des salles hypostyles, dans les soffites des portes,
par-dessus la route que le roi suivait pour se rendre au sanctuaire. Au
Ramesseum, a Edfou, a Philae, a Denderah, a Ombos, a Esneh, les
profondeurs du firmament semblent s'ouvrir et reveler leurs habitants
aux yeux des fideles. L'Ocean celeste deroule ses eaux, ou le soleil et
la lune naviguent, escortes des planetes, des constellations et des
decans, ou les genies des mois et des jours marchent en longues files. A
l'epoque ptolemaique, des zodiaques, composes a l'imitation des
zodiaques grecs, se placent a cote des tableaux astronomiques d'origine
purement egyptienne (Fig.102). La decoration des architraves qui
portaient les dalles de la couverture etait completement independant
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