ses
reprises, mais n'y reconnaissez pas une preuve nouvelle de l'horreur des
Egyptiens pour la symetrie. Les enceintes des deux temples n'etaient pas
orientees de la meme maniere, et les avenues tracees perpendiculairement
sur le front de chacune d'elles ne se seraient jamais raccordees, si on
ne les avait fait devier de leur direction premiere. En resume, les
habitants de Thebes voyaient de leurs temples presque tout ce que nous
en voyons. Le sanctuaire et ses dependances immediates leur etaient
fermes; mais ils avaient acces a la facade, aux cours, meme a la salle
hypostyle, et ils pouvaient admirer les chefs-d'oeuvre de leurs
architectes presque aussi librement que nous faisons aujourd'hui.
[Illustration: Fig. 91]
[Illustration: Fig. 92]
3.--LA DECORATION.
La tradition antique affirmait que les premiers temples egyptiens ne
renfermaient aucune image sculptee, aucune inscription, aucun symbole,
et de fait le temple du Sphinx est nu. C'est la toutefois un exemple
unique. Les fragments d'architrave et de parois employes comme materiaux
dans la pyramide septentrionale de Lisht, et qui portent le nom de
Khafri, montrent qu'il n'en etait deja plus ainsi des le temps de la IVe
dynastie. A l'epoque thebaine, toutes les surfaces lisses, pylones,
parements des murs, futs des colonnes, etaient couvertes de tableaux et
de legendes. Sous les Ptolemees et sous les Cesars, lettres et figures
etaient tellement pressees, qu'il semble que la pierre disparaisse sous
la masse des ornements dont elle est chargee. Un coup d'oeil rapide
suffit a montrer que les scenes ne sont pas jetees au hasard. Elles
s'enchainent, se deduisent les unes des autres et forment comme un grand
livre mystique, ou les relations officielles des dieux avec l'homme et
de l'homme avec les dieux sont clairement expliquees a qui sait le
comprendre. Le temple etait bati a l'image du monde, tel que les
Egyptiens le connaissaient. La terre etait pour eux une sorte de table
plate et mince, plus longue que large. Le ciel s'etendait au-dessus,
semblable, selon les uns, a un immense plafond de fer, selon les autres,
a une voute surbaissee. Comme il ne pouvait rester suspendu sans etre
appuye de quelque support qui l'empechat de tomber, on avait imagine de
le maintenir en place au moyen de quatre etais ou de quatre piliers
gigantesques. Le dallage du temple representait naturellement la terre.
Les colonnes et, au besoin, les quatre angles des chambres figuraient
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