eussirent a faire mieux encore. Ils ne construisirent
qu'une salle hypostyle (Fig.82) et qu'un pylone, mais l'hypostyle a
50 metres de long sur 100 de large. Au milieu, une avenue de douze
colonnes a chapiteau campaniforme, les plus hautes qu'on ait jamais
employees a l'interieur d'un edifice; dans les bas cotes, 122 colonnes a
chapiteau lotiforme, rangees en quinconce sur neuf files. Le plafond de
la travee centrale etait a 23 metres au-dessus du sol, et le pylone le
dominait d'environ 15 metres. Trois rois peinerent pendant un siecle
avant d'amener l'hypostyle a perfection. Ramses Ier concut l'idee, Seti
Ier termina le gros oeuvre, Ramses II acheva presque entierement la
decoration. Les Pharaons des dynasties suivantes se disputerent quelques
places vides le long des colonnes, pour y graver leur nom et participer
a la gloire des trois fondateurs, mais ils n'allerent pas plus loin.
Pourtant le monument, arrete a ce point, demeurait incomplet: il lui
manquait un dernier pylone et une cour a portiques. Pres de trois
siecles s'ecoulerent avant qu'on songeat a reprendre les travaux. Enfin,
les Bubastites se deciderent a commencer les portiques, mais faiblement,
comme il convenait a leurs faibles ressources. Un moment, l'Ethiopien
Taharqou imagina qu'il etait de taille a rivaliser avec les Pharaons
thebains et devisa une salle hypostyle plus large que l'ancienne, mais
ses mesures etaient mal prises. Les colonnes de la travee centrale, les
seules qu'il eut le temps d'eriger, etaient trop eloignees pour qu'on
put y etablir la couverture: elles ne porterent jamais rien et ne
subsisterent que pour marquer son impuissance. Enfin les Ptolemees, se
conformant a la tradition des rois indigenes, se mirent a l'ouvrage;
mais les revoltes de Thebes interrompirent leurs projets, le tremblement
de terre de l'an 27 detruisit une partie du temple, et le pylone resta a
jamais inacheve. L'histoire de Karnak est celle de tous les grands
temples egyptiens. A l'etudier de pres, on comprend la raison des
irregularites qu'ils presentent pour la plupart. Le plan est partout
sensiblement le meme, et la croissance se produit de la meme maniere,
mais les architectes ne prevoyaient pas toujours l'importance que leur
oeuvre acquerrait, et le terrain qu'ils lui avaient choisi ne se pretait
pas jusqu'au bout au developpement normal. A Louxor (Fig.83), le
progres marcha methodiquement sous Amenhotpou III et sous Seti Ier;
mais, quand Ramses II voulut ajoute
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