tion: Fig. 80]
Ainsi concu, l'edifice suffisait a tous les besoins du culte. Lorsqu'on
voulait l'accroitre, on ne s'attaquait pas d'ordinaire au sanctuaire ni
aux chambres qui l'entouraient, mais bien aux parties d'apparat,
hypostyles, cours ou pylones. Rien n'est plus propre que l'histoire du
grand temple de Karnak a illustrer le procede des Egyptiens en pareille
circonstance. Osirtasen Ier l'avait fonde, probablement sur le site d'un
temple plus ancien (Fig.81). C'etait un edifice de petites dimensions,
construit en calcaire et en gres avec portes en granit: des piliers a
seize pans unis en decoraient l'interieur. Amenemhat II et III y
travaillerent, les princes de la XIIIe et de la XIVe dynastie y
consacrerent des statues et des tables d'offrandes; il etait encore
intact au XVIIIe siecle avant notre ere, lorsque Thoutmos Ier, enrichi
par la guerre, resolut de l'agrandir. Il eleva en avant de ce qui
existait deja deux chambres, precedees d'une cour et flanquees de
chapelles isolees, puis trois pylones echelonnes l'un derriere l'autre.
Le tout presentait l'aspect d'un vaste rectangle pose debout sur un
autre rectangle allonge en travers. Thoutmos II et Hatshopsitou
couvrirent de bas-reliefs les murs que leur pere avait batis, mais
n'ajouterent rien; seulement, la regente, pour amener ses obelisques
entre deux des pylones, pratiqua une breche dans le mur meridional et
abattit seize des colonnes qui se trouvaient en cet endroit. Thoutmos
III reprit d'abord certaines parties qui lui paraissaient sans doute
indignes de son dieu, le double sanctuaire qu'il relit en granit de
Syene, le premier pylone. Il reedifia, a l'est, d'anciennes chambres,
dont la plus importante, celle qui porte le nom de _Promenoir_, servait
de station et de reposoir lors des processions, enveloppa l'ensemble
d'un mur de pierre, creusa le lac sur lequel on lancait les barques
sacrees les jours de fete; puis, changeant brusquement de direction, il
erigea deux pylones tournes vers le sud. Il rompit de la sorte la juste
proportion qui avait existe jusqu'alors entre le corps et la facade:
l'enceinte exterieure devint trop large pour les premiers pylones et ne
se raccorda plus exactement au dernier. Amenhotpou III corrigea ce
defaut: il eleva un sixieme pylone plus massif, partant, plus propre a
servir de facade. Le temple en fut reste la, qu'il surpassait deja tout
ce qu'on avait entrepris jusqu'alors de plus audacieux; les Pharaons de
la XIXe dynastie r
|