ssi le verre de
son neveu, il regarda un moment le colonel en souriant:
--Avant tout, dit-il, en levant son verre, je veux boire a votre
mariage, mon cher Edouard.
--Vous savez?...
--Eh oui! je sais. A votre sante, mon neveu, et a la sante de ma niece,
que je ne connais pas, mais qui, j'en suis certain, doit etre digne de
vous, et qui vous donnera le bonheur que vous meritez.
--Ah! c'est par les journaux que vous avez appris mon mariage?
C'est-a-dire que ce n'est pas moi qui l'ai appris, c'est Therese.
--Qu'a-t-elle dit en lisant cette nouvelle, un peu bien surprenante,
n'est-ce pas?
--Elle n'a rien dit, et il est probable que nous ne la connaitrions pas
encore, si elle avait ete seule a l'apprendre. Etait-ce cette annonce
qui avait donne la fievre a Therese? Il etait impossible de poser des
questions directes a ce sujet, et en realite le plus court, etait de
proceder avec ordre, surtout avec patience.
--Hier soir, avant le souper, Michel etait sorti; en rentrant, il
rapporta un journal, et, comme le souper n'etait pas tout a fait pret,
en attendant il se mit a lire ce journal. Tout a coup il pousse une
exclamation qui nous fait lever la tete a tous: Therese, Denizot,
Sorieul et moi. Nous le regardons, et Sorieul demande ce qu'il y a de si
extraordinaire dans le journal. Therese et moi, nous ne demandions rien:
Therese, vous saurez pourquoi tout a l'heure; moi, parce que chaque fois
que je lis les journaux, j'ai peur d'y trouver le nom de quelqu'un que
vous connaissez. Sorieul voulut meme prendre le journal, mais Michel
ne le laissa pas faire. "C'est une nouvelle qui concerne votre neveu
Edouard."
"Pourquoi ne dites-vous pas tout de suite que mon cousin Edouard se
marie?" interrompit Therese. Vous pensez si a ce mot il y eut des
exclamations; on voulut voir le journal, moi avant les autres. C'etait
vrai: je vis que vous epousiez mademoiselle Carmelita Belmonte, niece du
prince Mazzazoli. La-dessus Sorieul nous dit que les princes Mazzazoli
avaient joue un role dans l'histoire des republiques d'Italie, et il en
eut pour un moment a nous citer les livres qui parlaient des ancetres
de votre future. Pendant qu'il faisait son recit, une reflexion me
traversait l'esprit: comment Therese avait-elle appris votre mariage
avant tout le monde? Je lui posai ma question, et elle me repondit
qu'elle avait lu le matin meme cette nouvelle dans le Sport. "Tu l'as
lue ce matin, et tu ne nous l'as pas communiquee? s'ec
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