ees; mais avant de monter a
l'appartement du prince, il voulut demander quelques renseignements au
concierge, on apprend beaucoup en causant avec les uns et les autres,
les petits aussi bien que les grands.
Malheureusement le concierge n'etait pas dispose a la conversation:
c'etait un personnage digne, qui ne se familiarisait pas avec le premier
venu. Le baron n'en put rien tirer, si ce n'est que le prince etait
sorti avec la comtesse, que la vieille Marietta etait dehors, et que
mademoiselle Belmonte etait seule.
Cela n'etait pas pour contrarier le baron; Carmelita seule, il la ferait
plus facilement parler et peut-etre pourrait-il tirer quelque chose de
sa naivete.
En arrivant a la porte de l'appartement; le baron la trouva
entre-baillee.
Surpris, il s'arreta un moment, se demandant ce que cela signifiait.
Comme il se posait cette question, il entendit un bruit de voix dans
l'interieur de l'appartement, arrivant jusqu'au palier par les portes
restees ouvertes.
Une de ces voix etait celle de Carmelita, qu'il reconnut facilement;
l'autre etait une voix d'homme qu'il ne se souvenait pas d'avoir
entendue.
On parlait sur le ton de la colere et de la dispute.
--Je vous dis que j'empecherai ce mariage, criait la voix d'homme avec
fureur.
--Vous ne ferez pas cela, repliqua Carmelita avec moins d'emportement.
--Je le ferai si vous ne le faites pas vous-meme, je vous en donne ma
parole; reflechissez a ce que je vous dis, vous etes prevenue. Adieu.
Pour ne pas etre surpris devant cette porte, ecoutant, le baron monta
rapidement quelques marches de l'escalier, comme s'il se rendait a un
etage superieur.
Presque aussitot un homme tira la porte de l'appartement du prince et la
referma derriere lui avec fracas.
Le baron s'etait a demi retourne, mais il ne connaissait pas celui qui
venait de tirer cette porte: c'etait un homme de quarante-cinq ans
environ, a barbe noire tres-epaisse lui couvrant le visage ne laissant
voir qu'un nez proeminent et deux yeux ardents; il etait vetu
simplement, mais convenablement.
Le baron descendit derriere lui, pour demander au concierge quel etait
cet homme.
Mais en chemin la reflexion lui vint que le concierge ne connaissait
peut-etre pas cet homme, ou que le connaissant il ne voudrait peut-etre
pas plus parler maintenant qu'il ne l'avait voulu quelques instants
auparavant.
Il renonca donc a l'interroger et se mit a suivre cet inconnu.
Marchant derriere lui, i
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