prouver et a desirer fortement
l'abolition de la commission des douze, parce qu'il ne voulait rien de ce
qui arretait l'energie populaire, Danton aurait souhaite qu'on respectat
la representation nationale; mais il prevoyait de la part des girondins de
nouveaux eclats et une nouvelle resistance a la marche de la revolution,
et eut desire trouver un moyen de les eloigner sans les proscrire. Garat
lui en offrit un, qu'il saisit avec empressement. Tous les ministres
etaient presens au comite; Garat s'y trouvait avec ses collegues.
Profondement afflige de la situation ou se trouvaient, les uns a l'egard
des autres, les chefs de la revolution, il concut une idee genereuse qui
aurait pu ramener la concorde. "Souvenez-vous, dit-il aux membres du
comite, et particulierement a Danton, des querelles de Themistocle et
d'Aristide, de l'obstination de l'un a refuser ce qui etait propose par
l'autre, et des dangers qu'ils firent courir a leur patrie. Souvenez-vous
de la generosite d'Aristide, qui, profondement penetre des maux qu'ils
causaient tous deux a leur pays, eut la magnanimite de s'ecrier: O
Atheniens, vous ne pouvez etre tranquilles et heureux, que lorsque vous
nous aurez jetes, Themistocle et moi, dans le Barathre! Eh bien! ajoute
Garat, que les chefs des deux cotes de l'assemblee se repetent les paroles
d'Aristide, et qu'ils s'exilent volontairement, et en nombre egal, de
l'assemblee. Des ce jour les discordes se calmeront; il restera dans
l'assemblee assez de talens pour sauver la chose publique, et la patrie
benira, dans leur magnifique ostracisme, ces hommes qui se seront annules
pour la pacifier." A cette idee genereuse, tous les membres du comite sont
emus. Delmas, Barrere, le chaud Cambon, sont enchantes de ce projet.
Danton, qui etait ici le premier sacrifie, Danton se leve, les larmes aux
yeux, et dit a Garat: "Vous avez raison, je vais a la convention proposer
cette idee, et je m'offrirai a me rendre le premier en otage a Bordeaux."
On se separe tout pleins de ce noble projet, pour aller le communiquer aux
chefs des deux partis. On s'adresse particulierement a Robespierre, a qui
une telle abnegation ne pouvait convenir, et qui repond que ce n'est la
qu'un piege tendu a la Montagne pour ecarter ses plus courageux
defenseurs. De ce projet il ne reste plus alors qu'une seule partie
executable, c'est l'exil volontaire des girondins, les montagnards
Refusant de s'y soumettre eux-memes. C'est Barrere qui est charge, au nom
|