as, et qui se presentait a moi comme
Alsacien, ce que j'acceptai d'autant plus facilement qu'il s'exprimait
avec un fort accent etranger. Ce pantalon, je n'ai pas a vous dire comme
je l'ai soigne: je suis patriote, monsieur. Il avait ete convenu qu'il
serait paye contre livraison. Quand cette livraison eut lieu, la jeune
apprentie qui en etait chargee eut la faiblesse de ne pas exiger
l'argent: on allait me l'apporter a l'instant, enfin toutes les roueries
des mauvais debiteurs. J'y courus. Je fus mal recu et ne pus rien
obtenir; ce serait pour le lendemain sans faute. Le lendemain on menaca
de me jeter du haut en bas des escaliers. Le surlendemain, on avait
demenage a la cloche de bois. Plus personne. Disparu; sans laisser
d'adresse comme vous pouvez le penser.
--Et ce client?
--Je vous livre son nom sans hesitation aucune: Fritzner, non un
Alsacien, comme j'avais cru, mais un Prussien a coup sur, qui
certainement a fait le coup, sa disparition le lendemain du crime en est
la preuve.
--Vous dites que vous n'avez pu vous procurer son adresse?
--Mais vous qui disposez d'autres moyens que moi, vous la trouverez:
vingt-sept a trente ans, taille moyenne, yeux bleus, barbe blonde et
complet bleu de cette etoffe.
L'agent ecrivait ce signalement sur son carnet a mesure que le tailleur
le donnait.
--S'il n'a pas quitte Paris avec les trente-cinq mille francs voles,
nous le trouverons, dit-il, et ce sera grace a vous.
--Heureux de vous etre bon a quelque chose.
L'agent allait sortir; il se ravisa:
--Vous disiez que vous aviez fait trois costumes de cette etoffe.
--Oui, mais il n'y a que celui du Fritzner qui compte; les deux autres
l'ont ete pour d'honnetes gens bien connus dans le quartier, et qui
m'ont loyalement paye.
--Puisqu'ils ne peuvent pas etre inquietes, vous ne devez pas avoir de
scrupules a les nommer: ce n'est pas pour la justice que je vous
demande leurs noms, c'est pour moi; ils feront bien dans mon rapport et
prouveront que mes recherches ont ete poussees a fond.
--L'un est un commercant de la rue Truffant, il se nomme M. Blanchet;
l'autre est un jeune homme qui arrive d'Amerique et se nomme M.
Florentin Cormier.
--Vous dites Florentin Cormier? demanda l'agent, qui se rappela que ce
nom etait celui d'une personne qu'on avait vue chez Caffie le jour du
crime; vous le connaissez?
--Pas precisement; c'est la premiere fois que je l'habille; mais je
connais sa mere et sa soeur, qui hab
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