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--Pardon! pardon! lui dit-il, c'est un dernier acces, ce n'est rien.
Partons!
Et il descendit precipitamment le versant qu'il avait monte avec elle.
_Le Ferruccio_ arrivait a toute vapeur du fond de la Spezzia.
--Mon Dieu, le voila! dit-il. Qu'il va vite! s'il pouvait sombrer avant
d'etre ici!
--Laurent! reprit Therese d'un ton severe.
--Oui, oui, ne crains rien, mon amie, me voila tranquille. Ne sais-tu pas
qu'a present il suffit d'un regard de toi pour que j'obeisse avec joie?
Allons, la barque! Allons, c'en est fait! Je suis calme, je suis content!
Donne-moi ta main, Therese. Tu vois, je ne t'ai pas demande un seul baiser
depuis trois jours de tete-a-tete! Je ne te demande que cette main loyale.
Souviens-toi du jour ou tu m'as dit: "N'oublie jamais qu'avant d'etre ta
maitresse, j'ai ete ton amie!" Eh bien, voila ce que tu souhaitais, je ne
te suis plus rien, mais je suis a toi pour la vie!...
Il s'elanca dans la barque, croyant que Therese resterait sur le rivage de
l'ile, et que cette barque reviendrait la prendre quand il serait remonte
a bord du _Ferruccio_; mais elle sauta aupres de lui. Elle voulait
s'assurer, disait-elle, que le domestique qui devait accompagner Laurent,
et qui s'etait embarque avec les paquets a la Spezzia, n'avait rien oublie
de ce qui etait necessaire a son maitre pour le voyage.
Elle profita donc du temps d'arret que faisait le petit _steamer_ devant
Porto-Venere, pour monter a bord avec Laurent. Vicentino, le domestique en
question, les y attendait. On se souvient que c'etait un homme de
confiance choisi par M. Palmer. Therese le prit a l'ecart.
--Vous avez la bourse de votre maitre? lui dit-elle. Je sais qu'il vous a
charge de veiller a tous les frais du voyage. Combien vous a-t-il confie?
--Deux cents _lire_ florentines, signora; mais je pense qu'il a sur lui
son portefeuille.
Therese avait examine les poches des habits de Laurent pendant qu'il
dormait. Elle avait trouve le portefeuille, elle le savait a peu pres
vide. Laurent avait depense beaucoup a Florence; les frais de sa maladie
avaient ete tres-considerables. Il avait remis a Palmer le reste de sa
petite fortune, en le chargeant de faire ses comptes, et il ne les avait
pas regardes. En fait de depense, Laurent etait un veritable enfant, qui
ne savait encore le prix de rien a l'etranger, pas meme la valeur des
monnaies des diverses provinces. Ce qu'il avait confie a Vicentino lui
paraissait devoir durer lon
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