iaire, caviar, cavial, caviat, sorte de ragout ou de mets compose
d'oeufs d'esturgeons qu'on a saupoudres de sel et seches au soleil. Les
Grecs en font une grande consommation dans leurs differens caremes.] a
l'huile d'olive. Cette nouriture n'est guere bonne que pour des Grecs, ou
quand on n'a rien de mieux.
Quelques jours apres qu'Hoyarbarach fut arrive j'allai prendre conge de lui
et le remercier des moyens qu'il m'avoit procures, de faire mon voyage. Je
le trouvai au bazar, assis sur un haut siege de pierre avec plusieurs des
plus notables de la ville. Les marchands s'etoient joints a moi dans cette
visite.
Quelques-uns d'entre eux, Florentins de nation, s'interessoient a un
Espagnol qui, apres avoir ete esclave du Soudan, avoit trouve le moyen de
s'echapper d'Egypte et d'arriver jusqu'a Burse. Ils me prierent de
l'emmener, avec moi. Je le conduisis a mes frais jusqu'a Constantinople, ou
je le laissai; mais je suis persuade que c'etoit un renegat. Je n'en ai
point eu de nouvelles depuis.
Trois Genois avoient achete des epices aux gens de la caravane, et ils se
proposoient d'aller les vendre a Pere (Pera), pres de Constantinople,
par-dela le detroit que nous appelons le Bras-de-Saint-George. Moi qui
voulais profiter par leur compagnie, j'attendis leur depart, et c'est la
raison qui me fit rester dans Burse; car, a moins d'etre connu, l'on
n'obtient point de passer le detroit. Dans cette vue ils me procurerent une
lettre du gouverneur. Je l'emportai avec moi; mais elle ne me servit point,
parce que je trouvai moyen de passer avec eux. Nous partimes ensemble.
Cependant ils m'avoient fait acheter pour ma surete un chapeau rouge fort
eleve, avec une huvette [Footnote: Huvette, sorte d'ornement qu'on mettoit
au chapeau.] en fil d'archal, que je portai jusqu'a Constantinople.
Au sortir de Burse nous traversames vers le nord une plaine qu'arrose une
riviere profonde qui va se jetter, quatre lieues environ plus bas, dans le
golfe, entre Constantinople et Galipoly. Nous eumes une journee de
montagnes, que des bois et un terrain argileux rendirent tres-penible. La
est un petit arbre qui porte un fruit un peu plus gros que nos plus fortes
cerises, et qui a la forme et le gout de nos fraises, quoiqu'un peu
aigrelet. Il est fort agreable a manger; mais si on en mange une certaine
quantite, il porte a la tete et enivre. On le trouve en Novembre et
Decembre. [Footnote: La description de l'auteur annonce qu'il s'agit ici de
l
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