de sa mission, qui consistoit, m'a-t-on dit, a
prier leur maitre, de la part du duc de Milan, de vouloir bien abandonner a
l'empereur Romain Sigismond la Hongrie, la Valaquie, toute la Bulgarie
jusqu'a Sophie, le royaume de Bosnie, et la partie qu'il possedoit
d'Albanie dependante d'Esclavonie. Ils repondirent qu'ils ne pouvoient pour
le moment en instruire leur seigneur, parce qu'il etoit occupe; mais que
dans dix jours ils feroient connoitre sa reponse, s'il la leur avoit
donnee. C'est encore la une chose d'usage, que des le moment ou un
ambassadeur est annonce tel, il ne peut plus parler au prince; et ce
reglement a lieu depuis que le grand-pere de celui-ci a peri de la main
d'un ambassadeur de Servie. L'envoye etoit venu solliciter aupres de lui
quelque adoucissement en faveur de ses compatriotes, que le prince vouloit
reduire en servitude. Desespere de ne pouvoir rien obtenir, il le tua, et
fut lui-meme massacre a l'instant. [Footnote: Le grand-pere d'Amurath II
est Bajazet I'er, qui mourut prisonnier de Tamerlan, soit qu'il ait ete
traite avec egards par son vainqueur, comme le veulent certains ecrivains,
soit qu'il ait peri dans une cage de fer, comme le pretendent d'autres:
ainsi l'historiette de l'ambassadeur de Servie ne peut le regarder. Mais on
lit dans la vie d'Amurath I'er, pere de Bajazet, et par consequent bisaleul
d'Amurath II, un fait qui a pu donner lieu a la fable de l'assassinat. Ce
prince, en 1389, venoit de remporter sur le despote de Servie une victoire
signalee dans laquelle il l'avoit fait prisonnier, et il parcouroit le
champ de bataille quand, passant aupres d'un soldat Treballien blesse a
mort, celui-ci le reconnoit, ranime ses forces et le poignarde.
Selon d'autres auteurs, le despote, qui se nommoit Lazare ou Eleazar
Bulcowitz, se voit attaque par une puissante armee d'Amurath. Hors d'etat
de resister, il emploie la trahison: il gagne un des grands seigneurs de sa
cour, qui feint de passer dans le parti du sultan, et l'assassine.
(Ducange, Familiae Bisant p. 334.)
Enfin, selon une autre relation, Amurath fut tue dans le combat; mais
Lazare, fait prisonnier par les Turcs, est par eux coupe en morceaux sur le
cadavre sanglant de leur maitre.
Il paroit, d'apres le recit de la Brocquiere, que la version de
l'assassinat du sultan par le Servien est la veritable. C'est au moins ce
que paroissent prouver les precautions prises a la cour Ottomane contre les
ambassadeurs etrangers. Aujourd'hui
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