is plus fin
et meilleur que tous ceux que j'ai goutes ailleurs.
En traversant la Hongrie j'ai souvent rencontre des chariots qui portoient
six, sept ou huit personnes, et ou il n'y avoit qu'un cheval d'attele; car
leur coutume, quand ils veulent faire de grandes journees, est de n'en
mettre qu'un. Tous ont les roues de derriere beaucoup plus hautes que
celles de devant. Il en est de couverts a la maniere du pays, qui sont
tres-beaux et si legers qu'y compris les roues un homme, ce me semble, les
porteroit sons peine suspendus a son cou. Comme le pays est plat et
tres-uni, rien n'empeche le cheval de trotter toujours. C'est a raison de
cette egalite de terrain que, quand on y laboure, on fait des sillons d'une
telle longueur que c'est une merveille a voir.
Jusqu'a Pest je n'avois point eu de domestique; la je m'en donnai un, et
pris a mon service un de ces compagnons maccons [sic--KTH] Francais qui s'y
trouvoient. Il etoit de Brai-sur-Somme.
De retour a Bude j'allai, avec l'ambassadeur de Milan, saluer le grand
comte de Hongrie, titre qui repond a celui de lieutenant de l'empereur. Le
grand comte m'accueillit d'abord avec beaucoup de distinction, parce qu'a
mon habit il me prit pour Turc; mais quand il sut que j'etois chretien il
se refroidit un peu. On me dit que c'etoit un homme peu sur dans ses
paroles, et aux promesses duquel il ne falloit pas trop se fier. C'est un
peu la en general ce qu'on reproche aux Hongrois; et, quant a moi, j'avoue
que, d'apres l'idee que m'ont donnee d'eux ceux que j'ai hantes, je me
fierois moins a un Hongrois qu'a un Turc.
Le grand comte est un homme age. C'est lui, m'a-t-on dit, qui autrefois
arreta Sigismond, roi de Behaigne (Boheme) et de Hongrie, et depuis
empereur; c'est lui qui le mit en prison, et qui depuis l'en tira par
accommodement.
Son fils venoit d'epouser une belle dame Hongroise. Je le vis dans une
joute qui, a la maniere du pays, eut lieu sur de petits chevaux et avec des
selles basses. Les jouteurs etoient galamment habilles, et ils portoient
des lances fortes et courtes. Ce spectacle est tres-agreable. Quand les
deux champions se touchent il faut que tous deux, ou au moins l'un des deux
necessairement, tombent a terre. C'est la que l'on connoit surement ceux
qui savent se bien tenir en selle. [Footnote: En France, pour les tournois
et les joutes, ainsi que pour les batailles, les chevaliers montoient de
ces grands et fort chevaux qu'on appeloit palefrois. Leurs s
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