s, disciples
de Jean Hus (qu'on prononcoit Hous), sectaires fanatiques qui dans ce
siecle inonderent la Boheme de sang, et se rendirent redoutables par leurs
armes.]
Il se presenta egalement a lui un grand baron de ce pays, appele Paanepot,
qui, avec quelques autres personnes, venoit, au nom des Hussites, traiter
avec lui et demander la paix. Ceux-ci se proposoient d'aller au secours du
roi de Pologne contre les seigneurs de Prusse, et ils lui faisoient de
grandes offres, m'a-t-on dit, s'il vouloit les seconder; mais il repondit,
m'a-t-on encore ajoute, que s'ils ne se soumettoient a la loi de
Jesus-Christ, jamais, tant qu'il seroit en vie, il ne feroit avec eux ni
paix ni treve.
En effet, au temps ou il leur parloit les avoit deja battus deux fois. Il
avoit repris sur eux toute la Morane (Moravie), et, par sa conduite et sa
vaillance, s'etoit agrandi a leurs depens.
Au sortir de son audience je fus conduite a celle de la duchesse, grande et
belle femme, fille de l'empereur, et par lui heritiere du royaume de
Hongrie et de Boheme, et des autres seigneuries qui en dependent. Elle
venoit tout recemment d'accoucher d'une fille; ce qui avoit occasionne des
fetes et des joutes d'autant plus courues, que jusque-la elle n'avoit point
eu d'enfans.
Le lendemain mondit seigneur d'Autriche m'envoya inviter a diner par
messire Albrech, et il me fit manger a sa table avec un seigneur Hongrois
et un autre Autrichien. Tous ses gens sont a gages, et personne ne mange
avec lui que quand on est en prevenu par son maitre d'hotel.
La table etoit carree. La coutume est qu'on n'y apporte qu'un plat a la
fois, et que celui qui s'en trouve le plus voisin en goute le premier. Cet
usage tient lieu d'essai. [Footnote: Chez les souverains on faisoit l'essai
des viandes a mesure qu'on les leur servoit, et il y avoit un officier
charge de cette fonction qui, dans l'origine, avoit ete une precaution
prise contre le poison.] On servit chair et poisson, et sur-tout beaucoup
de differentes viandes fort epicees, mais toujours plat a plat.
Apres le diner on me mena voir les danses chez madame la duchesse. Elle me
donna un chapeau de fil d'or et de soie, un anneau et un diamant pour
mettre sur ma tete, selon la coutume du pays. Il y avoit la beaucoup de
noblesse en hommes et en femmes; j'y vis des gens tres-aimables, et les
plus beaux cheveux qu'on puisse porter.
Quand j'eus ete la quelque temps, un gentilhomme nomme Payser, qui, bien
qu'il
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