Vualscot (Waldshutt); a Laufemberg
(Lauffembourg); a Rinbel (Rhinfeld), toutes trois au duc Frederic
d'Autriche, et a Bale, autre ville de l'Empereur ou il avoir envoye comme
son lieutenant le duc Guillaume de Baviere, parce que le saint concile y
etoit assemble.
Le duc voulut me voir, ainsi que madame la duchesse son epouse. J'assistai
a une session du concile ou furent presens monseigneur le cardinal de
Saint-Ange, legat de notre saint pere la pape Eugene; sept autres
cardinaux, plusieurs patriarches, archeveques et eveques. J'y vis des gens
de mondit seigneur le duc, messire Guillebert de Lannoy, seigneur de
Villerval, son ambassadeur; maitre Jean Germain, et l'eveque de Chalons.
J'eus un entretien avec ledit legat, qui me fit beaucoup de questions sur
les pays que j'avois vus, et particulierement sur la Grece; il me parut
avoir fort a coeur la conquete de ce pays, et me recommanda de repeter a
mondit seigneur, touchant cette conquete, certaines choses que je lui avois
racontees.
A Bale je quittai mon poursuivant, qui retourna en Autriche; et moi, apres
avoir traverse la comte de Ferette, qui est au duc Frederic d'Autriche, et
passe par Montbeliart, qui est a la comtesse de ce nom, j'entrai dans la
comte de Bourgogne (la Franche-comte), qui appartient a monseigneur le duc,
et vins a Besancon.
Je le croyois en Flandre, et en consequence, voulant me rendre pres de lui
par les marches (frontieres) de Bar et de Lorraine, je pris la route de
Vesou; mais a Villeneuve j'appris qu'il etoit a l'entree de Bourgogne, et
qu'il avoit fait assieger Mussi-l'Eveque. Je me rendis donc par Aussonne a
Dijon, ou je trouvai monseigneur le chancelier de Bourgogne, avec qui
j'allai me presenter devant lui. Ses gens etoient au siege, et lui dans
l'abbaye de Poitiers.
Je parus en sa presence avec les memes habillemens que j'avois au sortir de
Damas, et j'y fis conduire le cheval que j'avois achete dans cette ville,
et qui venoit de m'amener en France. Mondit seigneur me recut avec beaucoup
de bonte. Je lui presentai mon cheval, mes habits, avec le koran et la vie
de Mahomet en Latin, que m'avoit donnes a Damas, le chapelain du consul de
Venise. Il les fit livrer a maitre Jean Germain pour les examiner; mais onc
depuis je n'en ai entendu parler. Ce maitre Jean etoit docteur en
theologie: il a ete eveque de Chalons-sur-Saone et chevalier de la toison.
[Footnote: Jean Germain, ne a Cluni, et par consequent sujet du duc de
Bourgogne, avo
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