de la Bulgarie.
Elle a un petit chateau, et se trouve assez pres d'une montagne au midi,
mais situee au commencement d'une grande plaine d'environ soixante milles
de long sur dix de large. Ses habitans sont pour la plupart des Bulgares,
et il en est de meme des villages. Les Turcs n'y forment que le tres-petit
nombre; ce qui donne aux autres un grand desir de se tirer de servitude,
s'ils pouvoient trouver qui les aidat.
J'y vis arriver des Turcs qui venoient de faire une course en Hongrie. Un
Genois qui se trouvoit dans la ville, et qu'on nomme Nicolas Ciba, me
raconta qu'il avoit vu revenir egalement ceux qui repasserent le Danube, et
que sur dix il n'y en avoit pas un qui eut a la fois un arc et une epee.
Pour moi, je dirai que parmi ceux-ci j'en trouvai beaucoup plus n'ayant ou
qu'un arc ou qu'une epee seulement, que de ceux qui eussent les deux armes
ensemble. Les mieux fournis portoient une petite targe (bouclier) en bois.
En verite, c'est pour la chretiente une grande honte, il faut en convenir,
qu'elle se laisse subjuguer par de telles gens. Ils sont bien au-dessous de
ce qu'on les croit.
En sortant de Sophie je traversai pendant cinquante milles cette plaine
dont j'ai fait mention. Le pays est bien peuple, et les habitans sont des
Bulgares de religion Grecque. J'eus ensuite un pays de montagnes, qui
cependant est assez bon pour le cheval; puis je trouvai en plaine une
tres-petite ville nommee Pirotte, situee sur la Nissave. Elle n'est point
fermee; mais elle a un petit chateau qui, d'une part est defendu par la
riviere, et de l'autre par un marais. Au nord est une montagne. Il n'y a
d'habitans que quelques Turcs.
Au-dela de Pirotte on retrouve un pays montagneux; apres quoi l'on revient
sur ses pas pour se rapprocher de la Nissave, qui traverse une belle vallee
entre deux assez hautes montagnes. Au pied d'une des deux etoit la ville
d'Ysvouriere, aujourd'hui totalement detruite, ainsi que ses murs. On
cotoie ensuite la riviere, en suivant la vallee; on trouve une autre
montagne dont le passage est difficile, quoiqu'il y passe chars et
charrettes. Enfin on arrive dans une vallee agreable qu'arrose encore la
Nissave; et apres avoir traverse la riviere sur un pont, on entre dans
Nisce (Nissa).
Cette ville, qui avoit un beau chateau, appertenoit au despote de Servie.
Le Turc l'a prise de force il y a cinq ans, et il l'a entierement detruite;
elle est dans un canton charmant qui produit beaucoup de riz. Je con
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