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garantir, portoient en avant une lame de fer; d'autres qui, comme le
heaume, le couvroient en entier, haut et bas: ce qu'on appeloit visiere et
baviere.] Le trait d'un arc Turc pourrait fausser un haubergon; [Footnote:
Haubergeon, cotte de mailles plus legere que le haubert. Etant en mailles,
elle pouvoit etre faussee plus aisement que la brigandine, qui etoit de fer
plein ou en ecailles de fer.] mais il semoussera contre une brigandine ou
blanc-harnois.
J'ajouterai qu'en cas de besoin nos archers pourroient se servir des traits
des Turcs, et que les leurs ne pourroient se servir des notres, parce que
la coche n'est pas assez large, et que les cordes de leurs arcs etant de
nerfs, sont beaucoup trop grosses.
Selon moi, ceux de nos gens d'armes qui voudroient etre a cheval devroient
avoir une lance legere a fer tranchant, avec une forte epee bien affilee.
Peut-etre aussi leur seroit-il avantageux d'avoir une petite hache a main.
Ceux d'entre eux qui seroient a pied porteroient guisarme, [Footnote:
Guisarme, hache a deux tetes.] ou bon epieu tranchant [Footnote: Epieu,
lance beaucoup plus forte que la lance ordinaire.]; mais les uns et les
autres auroient les mains armees de gantelets. Quant a ces gantelets,
j'avoue que pour moi j'en connois en Allemagne qui sont de cuir bouilli,
dont je ferais autant de cas que de ceux qui sont en fer.
Lorsqu'on trouvera une plaine rase et un lieu pour combattre avec avantage
on en profitera; mais alors on ne fera qu'un seul corps de bataille.
L'avant garde et l'arriere-garde seront employees a former les deux ailes.
On entremelera par-ci par-la tout ce qu'on aura de gens d'armes, a moins
qu'on ne preferat de les placer en dehors pour escarmoucher; mais on se
gardera bien de placer ainsi les hommes d'armes. En avant de l'armee et sur
ses ailes seront epars et semes ca et la les ribaudequins; mais il sera
defendu a qui que ce soit, sous peine de la vie, de poursuivre les fuyards.
Les Turcs ont la politique d'avoir toujours des armees deux fois plus
nombreuses que celles des chretiens. Cette superiorite de nombre augmente
leur courage, et elle leur permet en meme temps de former differens corps
pour attaquer par divers cotes a la fois. S'ils parviennent a percer, ils
se precipitent en foule innombrable par l'ouverture, et alors c'est un
grand miracle si tout n'est pas perdu.
Pour empecher ce malheur on placera la plus grande quantite de ribaudequins
vers les angles du corps de
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