ceremonies ne different en rien des notres.
La place, forte par sa situation et par ses fosses, tous en glacis, a une
enceinte de doubles murs bien entretenus, et qui suivent tres-exactement
les contours du terrain. Elle est composee de cinq forteresses, dont trois
sur le terrain eleve dont je viens de parler, et deux sur la riviere. De
ces deux-ci, l'une est fortifiee contre l'autre; mais toutes deux sont
commandees par les trois premieres.
Il y a aussi un petit port qui peut contenir quinze a vingt galeres, et qui
est defendu par une tour construite a chacune de ses extremites. On le
ferme avec une chaine qui va d'une tour a l'autre. Au moins c'est ce qu'on
m'a dit; car les deux rives sont si eloignees que moi je n'ai pu la voir.
Je vis sur la Sanne six galeres et cinq galiottes. Elles etoient pres l'une
des cinq forteresses, la moins forte de toutes. Dans cette forteresse sont
beaucoup de Rasciens; mais on ne leur permet point d'entrer dans les quatre
autres.
Toutes cinq sont bien garnies d'artillerie. J'y ai remarque sur-tout trois
bombardes de metail (canons de bronze) dont deux etoient de deux pieces,
[Footnote: La remarque que l'auteur fait ici sur ces trois canons
sembleroit annoncer que ceux de bronze etoient rares encore, et qu'on les
regardoit comme une sorte de merveille. Louis XI en fit fondre une
douzaine, auxquels il donna le nom des douze pairs. (Daniel, Mil. Franc, t.
I, p. 825.)] et l'une d'une telle grosseur que jamais je n'en ai vu de
pareille: elle avoit quarante-deux pouces de large dedans ou la pierre
entre (sa bouche avoit quarante-deux pouces de diametre); mais elle me
parut courte pour sa grosseur. [Footnote: La mode alors etoit de faire des
pieces d'artillerie d'une grosseur enorme. Peu de temps apres l'epoque ou
ecrivoit notre auteur, Mahomet II, assiegeant Constantinople, en employa
qui avoient ete fondues sur les lieux, et qui portoient, dit on, deux cents
livres de balle. La Chronique Scandaleuse et Monstrelet parlent d'une sorte
d'obus que Louis XI fit fondre a Tours, puis conduire a Paris, et qui
portoit des balles de cinq cents livres. En 1717, le prince Eugene, apres
sa victoire sur les Turcs, trouva dans Belgrade un canon long de pres de
vingt-cinq pieds, qui tiroit des boulets de cent dix livres, et dont la
charge etoit de cinquante-deux livres de poudre (Ibid p. 323.) C'etoit
encore un usage ordinaire de faire les boulets en gres ou en pierre,
arrondis et tailles de calibre po
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