ce l'a donnee;
De Misterio a Pirgasy, ou il ne demeure que des Turcs, et dont les murs
sont abattus;
De Pirgasy a Zambry, egalement detruite;
De Zambry a Andrenopoly (Andrinople), grande ville marchande, bien peuplee,
et situee sur une tres-grosse riviere qu'on nomme la Marisce, a six
journees de Constantinople. C'est la plus forte de toutes celles que le
Turc possede dans la Grece, et c'est celle qu'il habite le plus volontiers.
Le seigneur ou lieutenant de Grece (le gouverneur) y fait aussi son sejour,
et l'on y trouve plusieurs marchands Venitiens, Catalans, Genois et
Florentins. Depuis Constantinople jusque la, le pays est bon, bien arrose,
mais mal peuple; il a des vallees fertiles, et produit de tout, excepte du
bois.
Le Turc etoit a Lessere, grosse ville en Pyrrhe, pres du lieu de Thessalie
ou se livra la bataille entre Cesar et Pompee, et messire Benedicto prit
cette route pour se rendre aupres de lui. Nous passames la Marisce en
bateaux, et rencontrames, a peu de distance, cinquante de ses femmes,
accompagnees d'environ seize eunuques, qui nous apprirent qu'ils les
conduisoient a Andrinople, ou lui-meme se proposoit de venir bientot.
J'allaia Dymodique, bonne ville, fermee d'une double enceinte de murailles.
Elle est fortifiee d'un cote par une riviere, et de l'autre par un grand et
fort chateau construit sur une hauteur presque ronde, et qui, dans son
circuit, peut bien renfermer trois cents maisons. Le chateau a un donjon ou
le Turc, m'a-t-on dit, tient son tresor.
De Dymodique je me rendis a Ypsala, assez grande ville, mais totalement
detruite, et ou je passai la Marisce une seconde fois. [Footnote: Ici le
copiste ecrit la Maresce, plus haut il avoit mis Maresche, et plus haut
encore Marisce. Ces variations d'orthographe sont infiniment communes dans
nos manuscrits, et souvent d'une phrase a l'autre. J'en ai fait la remarque
dans mon discours preliminaire.] Elle est a deux journees d'Andrinople. Le
pays, dans tout cet espace, est marecageux et difficile pour les chevaux.
Ayne, au-dela d'Ypsala, est sur la mer, a l'embouchure de la Marisce, qui a
bien en cet endroit deux milles de large. Au temps de Troye-la-Grant, ce
fut une puissante cite, qui avoit son roi: maintenant elle a pour seigneur
le frere du seigneur de Matelin, qui est tributaire du Turc.
Sur une butte ronde on y voit un tombeau qu'on dit etre celui de Polydore,
le plus jeune des fils de Priam. Le pere, pendant le siege de Troie, a
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