iens), Ziques,
Gothlans et Anangats. Au reste, comme ce fait est ancien, je n'en sais rien
que par oui-dire.
Quoique la ville ait beaucoup de belles eglises, la plus remarquable, ainsi
que la principale, est celle de Sainte-Sophie, ou le patriarche se tient,
et autres gens comme chanonnes (chanoines). Elle est de forme ronde, situee
pres de la pointe orientale, et formee de trois parties diverses; l'une
souterraine, l'autre hors de terre, la troisieme superieure a celle-ci.
Jadis elle etoit entouree de cloitres, et avoit, dit-on, trois milles de
circuit; aujourd'hui elle est moins etendue, et n'a plus que trois
cloitres, qui tous trois sont paves et revetus en larges carreaux de marbre
blanc, et ornes de grosses colonnes de diverses couleurs. [Footnote: Deux
de ces galeries ou portiques, que l'auteur appelle cloitres, subsistent
encore aujourd'hui, ainsi que les colonnes. Celles-ci sont de matieres
differentes, porphyre, marbre, granit, etc.; et voila pourquoi le voyageur,
qui n'etoit pas naturaliste, les represente comme etant de couleurs
diverses.] Les portes, remarquables par leur largeur et leur hauteur, sont
d'airain.
Cette eglise possede, dit on, l'une des robes de Notre-Seigneur, le fer de
la lance qui le perca, l'eponge dont il fut abreuve, et le roseau qu'on lui
mit en main. Moi je dirai que derriere le choeur on m'a montre les grandes
bandes du gril ou fut roti Saint-Laurent, et une large pierre en forme de
lavoir, sur laquelle Abraham fit manger, dit-on, les trois anges qui
alloient detruire Sodome et Gomorre.
J'etois curieux de savoir comment les Grecs celebroient le service divin,
et en consequence je me rendis a Sainte-Sophie un jour ou le patriarche
officoit. L'empereur y assistoit avec sa femme, sa mere et son frere,
despote de Moree. [Footnote: Cet empereur etoit Jean Paleologue II; son
frere, Demetrius, despote ou prince du Peloponnese; sa mere, Irene, fille
de Constantin Dragases, souverain d'une petite contree de la Macedoine; sa
femme, Marie Comnene, fille d'Alexis, empereur de Trebisonde.] On y
representa un mystere, dont le sujet etoit les trois enfans que
Nabuchodonosor fit jeter dans la fournaise. [Footnote: Ces farces devotes
etoient d'usage alors dans l'eglise Grecque, ainsi que dans la Latine. En
France on les appeloit mysteres, et c'est le nom que le voyageur donne a
celle qu'il vit dans Sainte-Sophie.]
L'imperatrice, fille de l'empereur de Traseonde (Trebisonde), me parut une
fort b
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