e sa jeunesse, Mme de Villeparisis, blasee sur la satisfaction
d'appartenir a la fine fleur de l'aristocratie, s'etait en quelque sorte
amusee a scandaliser les gens parmi lesquels elle vivait, a defaire
deliberement sa situation, elle s'etait mise a attacher de l'importance
a cette situation apres qu'elle l'eut perdue. Elle avait voulu montrer
aux duchesses qu'elle etait plus qu'elles, en disant, en faisant tout ce
que celles-ci n'osaient pas dire, n'osaient pas faire. Mais maintenant
que celles-ci, sauf celles de sa proche parente, ne venaient plus chez
elle, elle se sentait amoindrie et souhaitait encore de regner, mais
d'une autre maniere que par l'esprit. Elle eut voulu attirer toutes
celles qu'elle avait pris tant de soin d'ecarter. Combien de vies de
femmes, vies peu connues d'ailleurs (car chacun, selon son age, a comme
un monde different, et la discretion des vieillards empeche les jeunes
gens de se faire une idee du passe et d'embrasser tout le cycle), ont
ete divisees ainsi en periodes contrastees, la derniere toute employee a
reconquerir ce qui dans la deuxieme avait ete si gaiement jete au vent.
Jete au vent de quelle maniere? Les jeunes gens se le figurent d'autant
moins qu'ils ont sous les yeux une vieille et respectable marquise de
Villeparisis et n'ont pas l'idee que la grave memorialiste
d'aujourd'hui, si digne sous sa perruque blanche, ait pu etre jadis une
gaie soupeuse qui fit peut-etre alors les delices, mangea peut-etre la
fortune d'hommes couches depuis dans la tombe; qu'elle se fut employee
aussi a defaire, avec une industrie perseverante et naturelle, la
situation qu'elle tenait de sa grande naissance ne signifie d'ailleurs
nullement que, meme a cette epoque reculee, Mme de Villeparisis
n'attachat pas un grand prix a sa situation. De meme l'isolement,
l'inaction ou vit un neurasthenique peuvent etre ourdis par lui du matin
au soir sans lui paraitre pour cela supportables, et tandis qu'il se
depeche d'ajouter une nouvelle maille au filet qui le retient
prisonnier, il est possible qu'il ne reve que bals, chasses et voyages.
Nous travaillons a tout moment a donner sa forme a notre vie, mais en
copiant malgre nous comme un dessin les traits de la personne que nous
sommes et non de celle qu'il nous serait agreable d'etre. Les saluts
dedaigneux de Mme Leroi pouvaient exprimer en quelques maniere la nature
veritable de Mme de Villeparisis, ils ne repondaient aucunement a son
desir.
Sans doute, au mem
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