es a qui elle recommanda:
--Pense a dire a Gisele et a Berthe (les duchesses d'Auberjon et de
Portefin) d'etre la un peu avant deux heures pour m'aider, comme elle
aurait dit a des maitres d'hotel extras d'arriver d'avance pour faire
les compotiers.
Elle n'avait avec ses parents princiers, pas plus qu'avec M. de Norpois,
aucune de ces amabilites qu'elle avait avec l'historien, avec Cottard,
avec Bloch, avec moi, et ils semblaient n'avoir pour elle d'autre
interet que de les offrir en pature a notre curiosite. C'est qu'elle
savait qu'elle n'avait pas a se gener avec des gens pour qui elle
n'etait pas une femme plus ou moins brillante, mais la soeur
susceptible, et menagee, de leur pere ou de leur oncle. Il ne lui eut
servi a rien de chercher a briller vis-a-vis d'eux, a qui cela ne
pouvait donner le change sur le fort ou le faible de sa situation, et
qui mieux que personne connaissaient son histoire et respectaient la
race illustre dont elle etait issue. Mais surtout ils n'etaient plus
pour elle qu'un residu mort qui ne fructifierait plus; ils ne lui
feraient pas connaitre leurs nouveaux amis, partager leurs plaisirs.
Elle ne pouvait obtenir que leur presence ou la possibilite de parler
d'eux a sa reception de cinq heures, comme plus tard dans ses Memoires
dont celle-ci n'etait qu'une sorte de repetition, de premiere lecture a
haute voix devant un petit cercle. Et la compagnie que tous ces nobles
parents lui servaient a interesser, a eblouir, a enchainer, la compagnie
des Cottard, des Bloch, des auteurs dramatiques notoires, historiens de
la Fronde de tout genre, c'etait dans celle-la que, pour Mme de
Villeparisis--a defaut de la partie du monde elegant qui n'allait pas
chez elle--etaient le mouvement, la nouveaute, les divertissements et la
vie; c'etaient ces gens-la dont elle pouvait tirer des avantages sociaux
(qui valaient bien qu'elle leur fit rencontrer quelquefois, sans qu'ils
la connussent jamais, la duchesse de Guermantes): des diners avec des
hommes remarquables dont les travaux l'avaient interessee, un
opera-comique ou une pantomime toute montee que l'auteur faisait
representer chez elle, des loges pour, des spectacles curieux. Bloch se
leva pour partir. Il avait dit tout haut que l'incident du vase de
fleurs renverse n'avait aucune importance, mais ce qu'il disait tout bas
etait different, plus different encore ce qu'il pensait: "Quand on n'a
pas des domestiques assez bien styles pour savoir placer un vase
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