Il y a deux personnes
auxquelles je suis tres attache et tout a fait diversement comme vous
allez, le comprendre, et qui se sont fixees depuis peu a Paris ou elles
comptent vivre desormais: ma femme et la grande-duchesse Jean. Elles
vont donner quelques diners, notamment en l'honneur du roi et de la
reine d'Angleterre, et leur reve aurait ete de pouvoir offrir a leurs
convives une personne pour laquelle, sans la connaitre, elle eprouvent
toutes deux une grande admiration. J'avoue que je ne savais comment
faire pour contenter leur desir quand j'ai appris tout a l'heure, par le
plus grand des hasards, que vous connaissiez cette personne; je sais
qu'elle vit tres retiree, ne veut voir que peu de monde, _happy few_;
mais si vous me donniez votre appui, avec la bienveillance que vous me
temoignez, je suis sur qu'elle permettrait que vous me presentiez chez
elle et que je lui transmette le desir de la grande-duchesse et de la
princesse. Peut-etre consentirait-elle a venir diner avec la reine
d'Angleterre et, qui sait, si nous ne l'ennuyons pas trop, passer les
vacances de Paques avec nous a Beaulieu chez la grande-duchesse Jean.
Cette personne s'appelle la marquise de Villeparisis. J'avoue que
l'espoir de devenir l'un des habitues d'un pareil bureau d'esprit me
consolerait, me ferait envisager sans ennui de renoncer a me presenter a
l'Institut. Chez elle aussi on tient commerce d'intelligence et de fines
causeries.
Avec un sentiment de plaisir inexprimable le prince sentit que la
serrure ne resistait pas et qu'enfin cette clef-la y entrait.
--Une telle option est bien inutile, mon cher prince, repondit M. de
Norpois; rien ne s'accorde mieux avec l'Institut que le salon dont vous
parlez et qui est une veritable pepiniere d'academiciens. Je
transmettrai votre requete a Mme la marquise de Villeparisis: elle en
sera certainement flattee. Quant a aller diner chez vous, elle sort tres
peu et ce sera peut-etre plus difficile. Mais je vous presenterai et
vous plaiderez vous-meme votre cause. Il ne faut surtout pas renoncer a
l'Academie; je dejeune precisement, de demain en quinze, pour aller
ensuite avec lui a une seance importante, chez Leroy-Beaulieu sans
lequel on ne peut faire une election; j'avais deja laisse tomber devant
lui votre nom qu'il connait, naturellement, a merveille. Il avait emis
certaines objections. Mais il se trouve qu'il a besoin de l'appui de mon
groupe pour l'election prochaine, et j'ai l'intention de reven
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