nterie de l'autre
jour au sujet de la reine de Suede? je viens vous demander l'aman.
--Non, je ne t'en veux pas; je te donne meme le droit de gouter si tu as
faim.
--Allons, Monsieur Valleneres, faites la jeune fille, dit Mme de
Villeparisis a l'archiviste, selon une plaisanterie consacree.
M. de Guermantes se redressa dans le fauteuil ou il s'etait affale, son
chapeau a cote de lui sur le tapis, examina d'un air de satisfaction les
assiettes de petits fours qui lui etaient presentees.
--Mais volontiers, maintenant que je commence a etre familiarise avec
cette noble assistance, j'accepterai un baba, ils semblent excellents.
--Monsieur remplit a merveille son role de jeune fille, dit M.
d'Argencourt qui, par esprit d'imitation, reprit la plaisanterie de Mme
de Villeparisis.
L'archiviste presenta l'assiette de petits fours a l'historien de la
Fronde.
--Vous vous acquittez a merveille de vos fonctions, dit celui-ci par
timidite et pour tacher de conquerir la sympathie generale.
Aussi jeta-t-il a la derobee un regard de connivence sur ceux qui
avaient deja fait comme lui.
--Dites-moi, ma bonne tante, demanda M. de Guermantes a Mme de
Villeparisis, qu'est-ce que ce monsieur assez bien de sa personne qui
sortait comme j'entrais? Je dois le connaitre parce qu'il m'a fait un
grand salut, mais je ne l'ai pas remis; vous savez, je suis brouille
avec les noms, ce qui est bien desagreable, dit-il d'un air de
satisfaction.
--M. Legrandin.
--Ah! mais Oriane a une cousine dont la mere, sauf erreur, est nee
Grandin. Je sais tres bien, ce sont des Grandin de l'Eprevier.
--Non, repondit Mme de Villeparisis, cela n'a aucun rapport. Ceux-ci
Grandin tout simplement, Grandin de rien du tout. Mais ils ne demandent
qu'a l'etre de tout ce que tu voudras. La soeur de celui-ci s'appelle
Mme de Cambremer.
--Mais voyons, Basin, vous savez bien de qui ma tante veut parler,
s'ecria la duchesse avec indignation, c'est le frere de cette enorme
herbivore que vous avez eu l'etrange idee d'envoyer venir me voir
l'autre jour. Elle est restee une heure, j'ai pense que je deviendrais
folle. Mais j'ai commence par croire que c'etait elle qui l'etait en
voyant entrer chez moi une personne que je ne connaissais pas et qui
avait l'air d'une vache.
--Ecoutez, Oriane, elle m'avait demande votre jour; je ne pouvais
pourtant pas lui faire une grossierete, et puis, voyons, vous exagerez,
elle n'a pas l'air d'une vache, ajouta-t-il d'u
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